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Les riches heures de l’Orchestre national de France

Triste hasard du calendrier, alors qu'il vient de célébrer ses 80 ans, l' lutte pour sa survie. Pour fêter cet octogénaire, Radio France et l'INA publient un beau coffret qui reprend certaines des grands concerts qui ont jalonnés l'histoire de l'.

Editer un coffret anniversaire sur base d'enregistrements historiques n'est jamais chose aisée tant il faut faire des choix, souvent cruels. Lié à l'histoire de la radio, la National a la chance de conserver des traces de plusieurs centaines de concerts. Le (plantureux) livret d'introduction nous renseigne que les commissaires éditoriaux ont auditionné près de 400 concerts, pour en sélectionner une trentaine repris sur les 8 disques de ce coffret.

Dès lors, le box reprend des enregistrements réalisés sous la baguette des directeurs musicaux de l'Orchestre de Désiré-Emile Inghelbrecht à , sans oublier les chefs invités privilégiés comme , Leonard Bernstein, , . L'édition rend naturellement hommage à la musique française avec des Nocturnes de Debussy, acidulés et sépias sous la direction du fondateur Inghelbrecht à une Mer de Debussy, emportée par les vagues du charisme de . Grand spécialiste de la  musique française, Charles Dutoit arrache au panache l'ouverture du Corsaire de Berlioz tandis que déçoit dans une Suite n°2 de Daphnis et Chloé de Ravel, narcissique et d'une opulence straussienne. Le grand moment d'émotion est à porter au crédit de qui dirige un Hymne à la Justice de Magnard, à l'occasion du premier concert de l'orchestre dans Paris libéré de la botte nazie en 1944.

L' c'est aussi la musique contemporaine et un disque entier est naturellement dédiée à des premières mondiales d'envergures : la Symphonie n°1 d'Henri Dutilleux réglée au millimètre par , les miraculeux Sept Haïkaï d' avec Yvonne Loriod dirigée par  ou Calmo de par accompagnée par son mari de compositeur. Certes, il manque des créations majeures comme Le Soleil des eaux de Boulez ou Désert de Varèse, mais les bandes sont éditées par ailleurs.

Du côté des surprises, on découvre un superbe travail orchestral de Charles Dutoit dans le Concerto pour violoncelle de Dvorák  avec et un Concerto pour violon de Tchaïkovski jubilatoire par et .

Du côté des déceptions, on pointe un Concerto pour violon de Brahms à la justesse aléatoire (Stern/Ormandy) et un Concerto pour piano n°3 de Prokofiev orchestralement bien brouillon (Argerich/Abbado).

De tous les chefs qui ont compté, dans l'histoire de la phalange radiophonique, une grande part est représentée mais il manque cruellement des témoignages d'Igor Markevitch, Jean Martinon, Jeffrey Tate ou Evgueni Svetlanov. Quant à , on est triste de le voir limité à quelques extraits du Roméo et Juliette de Prokofiev alors que l'on espérait, enfin, l'édition de concerts Ravel légendaires, pourtant commercialisés au Japon sous l'étiquette Altus. De même est seulement présenté par une Symphonie n°1 de Chostakovitch, certes orchestralement splendide, mais on aurait préféré son Psyché de César Franck.

Cependant, malgré les réserves, ce coffret est une pierre essentielle au patrimoine orchestral français. Elle saura satisfaire les collectionneurs exigeants et témoigner de la riche histoire d'un orchestre essentiel au paysage musical français.

 

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