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Le Crépuscule à Munich, enfin les voix

Pour ce dernier volet du Ring, bénéficie enfin d'une distribution de haut niveau.

Si les volets précédents de ce cru 2015 du Ring de l'Opéra de Munich avaient présenté des distributions inégales qui limitaient un peu le plaisir né de la direction de , ce Crépuscule des Dieux est d'une toute autre trempe – sans compter que le spectacle d' nous a beaucoup plus convaincu qu'en 2012. On pouvait certes s'inquiéter en recevant, à peine plus de 24 heures avant le début du spectacle, l'annonce du remplacement de Petra Lang, qui devait chanter Brünnhilde, par une chanteuse qui n'avait jamais suscité l'attention internationale, , dont on apprend par la même occasion qu'elle a déjà chanté les trois Brünnhilde à Lübeck et à Francfort. Les inquiétudes, certes, n'étaient pas entièrement infondées : même avec son expérience et l'aide du souffleur, il a parfois fallu quelques secondes à la chanteuse pour se souvenir de ce qu'elle devait chanter. Dans ces conditions, on peut difficilement lui en vouloir, et si sa voix manque un peu de puissance, elle mérite amplement l'ovation que lui réserve le public à la fin du spectacle. Le travail sur le texte est plus qu'honorable, le timbre est lumineux et très égal, l'autorité certaine, et qui plus est la chanteuse parvient au terme de cette longue aventure qu'est Le Crépuscule en parfait état de fraîcheur. C'est d'autant plus réjouissant qu'elle a face à elle le meilleur Siegfried actuel, et même le meilleur depuis longtemps, , dont la voix d'acier ne présente qu'à peine un léger signe de fatigue au moment de mourir. On ne soulignera pas une fois de plus les grandes qualités de  ; il faut en revanche faire le plus grand éloge de , qui en Hagen vole quasiment la vedette aux autres personnages : tant de vilenie dans un maintien si soigneusement composé, voilà ce qui fait un admirable méchant.

Quand le rideau se relève après la représentation, c'est pour dévoiler sur scène la totalité de l'orchestre, au milieu duquel se cache le toujours discret  : l'ovation est à la mesure de l'événement que constitue le premier cycle complet du Ring par un nouveau directeur musical autour duquel plane une aura assez unique. Mais si l'homme est discret, sa direction n'est pas celle d'un ascète : l'explosion de douleur brute qui suit la mort de Siegfried montre bien qu'il n'a pas peur des extrêmes de la dynamique, sans pourtant qu'on perde dans les décibels les détails instrumentaux les plus fins. On attend avec impatience que Kirill Petrenko reprenne à Munich les autres opéras de Wagner.

Crédits photographiques : © Wilfried Hoesl / Bayerische Staatsoper

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