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À Montpellier, la redécouverte d’un opéra sentimental d’Offenbach

On retrouve, avec cet opéra peu connu d'Offenbach, une veine trop ignorée de ce compositeur, l'opéra sentimental. Peut-être son tempérament de génial amuseur a-t-il occulté cet aspect, au profit d'œuvres tout aussi bien ficelées, mais dans le genre comique, ce que le public de l'époque – et d'aujourd'hui – réclamait.

On se retrouve avec Fantasio plus près des Contes d'Hoffmann que de la Belle Hélène, avec un personnage en or d'étudiant rêveur et facétieux, soupirant d'une princesse promise à un mariage somptueux, mais sans amour. Que nos lecteurs fleur bleue se rassurent, tout finira bien, le prince de Mantoue renoncera au mariage, la guerre sera évitée, et la princesse Elsbeth confiera la clé de ses appartements au héros.

L'action se situe en Allemagne, des étudiants farceurs se regroupent dans les tavernes, on entend même dans l'ouverture quelques mesures orchestrales du duo Antonia-la Mère. Bref, il y a dans cet opéra des réminiscences de l'œuvre posthume d'Offenbach, mais aussi beaucoup de différences : c'est une question de souffle, de puissance, d'inspiration. L'une, bien que très agréable, est la petite sœur de l'autre.

Les belles pages ne manquent pas cependant, et découvrir cet ouvrage est un réel ravissement. L'œuvre étant construite sur le mode de l'opéra-comique, c'est-à-dire avec des dialogues parlés, le choix a été fait de les supprimer et de les remplacer par une récitante (Julie Depardieu) qui annonce les événements à venir et lit les didascalies à voix hautes. Dans le cadre d'une captation radiophonique, c'est plutôt logique, mais de la salle, cette option casse l'ambiance, et certains personnages (le roi de Bavière de , l'Écuyer de ) peinent à exister, et c'est vraiment dommage.

Dans le rôle-titre, est absolument somptueuse, de timbre, d'engagement et d'émotion, idéalement androgyne. se tire avec une technique exemplaire des pyrotechnies de la Princesse, mais elle manque un peu d'âme. et sont exemplaires dans les rôles du prétendant et de son majordome, qui échangent leurs habits, comme dans la Cenerentola de Rossini, et ajoutent ainsi à la confusion. Nul doute qu'ils auraient été désopilants en version scénique. Michal Partika est très en voix, mais son accent le handicape vraiment.

Sous la baguette de , l'orchestre trouve le ton juste dans cette belle œuvre oscillant entre tendresse et ironie.

Crédits photographiques : © Marc Ginot

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