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L’espace multimédia des Turbulences électroniques

Les deux soirées de « Turbulences numériques » proposées par l' s'associaient à Nemo, biennale internationale des arts numériques : s'affichait au programme une majorité d'œuvres mettant en interaction le son et l'image par le biais d'une technologie de pointe, sidérant les yeux autant que les oreilles.

Sous le titre de Maelström, le premier concert débute par une improvisation collective à haute tension, portant d'emblée le son à saturation. au violoncelle, à la contrebasse (ou basse électrique) et aux percussions forment le trio de choc de ces Turbulences, trio que l'on retrouve dans la Rue musicale durant les entractes surprises de chaque soirée.

Dans un programme mêlant pièces du répertoire et performances audiovisuelles, on retient la création mondiale (commande de l'EIC) de Cluster-X. Tempest, donnée après l'entracte, nous convainc d'avantage, à la faveur d'un mouvement cinétique très interactif en son et image. Louvoyant entre murs de son à très haut voltage – mais l'écoute n'est jamais mise à mal – et passages dans l'infra-saturation, élabore un parcours sonore bien articulé, sinon très original, l'œil restant captivé par les processus de mouvements générés en direct par l'artiste plasticien.

On peut s'interroger sur la pertinence d'un programme qui mélange musique amplifiée et œuvres acoustiques : telle est la conception du Grand soir où alternent musique acousmatique, pièces instrumentales et réalisations audio-visuelles. Après la magnificence de Gesang der Junglinge de , chef-d'œuvre intemporel, luxueusement projeté dans l'espace de la Salle des concerts, on regrette que Treize couleurs du soleil couchant de , œuvre écrite pour cinq instruments, ne bénéficie pas à son tour d'une légère amplification/réverbération pour tenter une meilleure fusion des timbres dans une acoustique ici beaucoup trop sèche. L'équilibre est par contre idéal dans Respire, une œuvre saisissante pour onze instruments, support sonore et vidéo, écrite à quatre mains par le compositeur et le vidéaste David Coste. Ici le geste instrumental s'incarne dans le mouvement des corps dans un rapport très troublant et un format d'écran adéquat. Le second mouvement ramène la pulsation musicale tout en jouant sur la même synchronie du geste chorégraphique et du son.

Un rien éclectique, la deuxième partie de la soirée chemine entre …sofferte onde serene…de – mixant le piano (Hidéki Nagano) avec le support électroacoustique – et le turbulent Try pour ensemble de l'Américain , en passant par la vidéo d' sur le Quatuor à cordes n°2 de . On termine avec la création mondiale de ripple marks (rides ondulantes) du compositeur et cinéaste belge qui réalise lui-même et la musique et la partie vidéo, à la faveur d'un dispositif interactif reliant le geste musical et l'inscription graphique. La partition pour harpe, alto et clarinette procède d'une écriture très éruptive, jouant sur le spectre toujours mouvant d'une même image sonore. La vidéo toute en finesse tisse des figures arachnéennes entretenant avec le mouvement musical une mystérieuse complicité.

La Salle des concerts est restée quasi pleine pour le dernier « round », une performance très attendue réunissant aux manettes, aux images et le violoncelliste de l'EIC , inscrivant sa partie instrumentale improvisée sur les sons fixés de l'électronique : autant de ressources pour plonger le public dans un espace immersif et chatoyant, durant les 45 minutes d'un spectacle multimédia très galvanisant.

Crédits photographiques : Tempest (c) Hayeur; Extension Sauvage / DR

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