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Vocalité et spiritualité avec le Requiem de Verdi à Luxembourg

Plateau quelque peu inégal pour une interprétation surtout dominée par le chœur et l'orchestre. La vision spirituelle de la partition l'emporte sur sa composante théâtrale.

C'est par le choix du Requiem de Verdi que la Philharmonie de Luxembourg a choisi d'inaugurer cette année le traditionnel week-end pascal. Choix largement assumé par et l', dont les options prises contribuent fortement à accentuer la spiritualité d'une œuvre due à un compositeur farouchement laïque, davantage épris de théâtre et de théâtralité que de religion et de religiosité. La participation très remarquée du Wiener Singverein, d'une intériorité rarement atteinte dans une partition d'une telle envergure, aura largement renforcé une telle option. De fait, le chœur fait presque plus forte impression dans le mezza voce et les sons flottés de l'Introitus que dans les déferlements du Dies irae ou les fugues du Sanctus, rendus cependant avec tout ce qu'il faut de ferveur et de conviction. L'orchestre rend pleinement justice à une écriture toujours virtuose et parfaitement maîtrisée, et le public luxembourgeois a fait un triomphe entièrement mérité à cette belle formation.

Les quatre solistes, crédités de solides carrières à l'opéra, étaient peut-être à contre-courant des choix esthétiques de leur chef. Remplaçant au pied levé Ildar Abdrazakov, la basse bulgare , à la voix sombre et caverneuse à souhait, a ainsi proposé une ligne de chant un peu fruste pour une telle œuvre. , en revanche, a enchanté le public avec son Hostias tout en douceur, mais son Ingemisco manque de projection, et le jeune ténor semble se battre avec les différents registres de sa voix. Solide prestation également de la mezzo , dont la voix n'a cessé de gagner en volume et en puissance ces dernières années. La soprano géorgienne propose elle aussi de très beaux moments, particulièrement expressifs même si elle accentue peut-être un peu trop les effets dramatiques de la partition. Plus inquiétant est l'état actuel de sa voix, toujours d'une belle couleur et d'une réelle ampleur verdienne, mais qui semble ne plus être capable de négocier les aigus filés qui permettent de distinguer une chanteuse de talent d'une chanteuse d'exception.

Une très belle soirée, donc, même si elle montre la difficulté qu'il y a aujourd'hui à réunir pour le Requiem de Verdi le quatuor de solistes parfaitement à même de rendre justice à une telle œuvre.

Crédit photographique © François Zuidberg

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