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Madrigal et musique d’aujourd’hui par Aedes à Dijon

Quel est le lien entre et ? Et entre et ? L' y répond avec un programme ambitieux qui fait dialoguer le madrigal du XVIe siècle avec la musique d'aujourd'hui.

Le programme de ce concert ambitieux est à la mesure de l'Ensembe Aedes qui ne l'est pas moins, dans la recherche de l'expression et de la qualité musicale ; il montre le fil conducteur et les rapprochements qui existent entre le répertoire vocal du XVIe siècle et celui qui est abordé par les compositeurs contemporains. Pour cette démonstration qui peut paraître osée, a puisé dans les œuvres de Monteverdi, comme dans celles de , celles qui étaient soutenues par les mêmes thèmes littéraires : la poésie maniériste de la fin du XVIe peut trouver son pendant dans celle de . En ce qui concerne Berio, Janequin et , il se trouve que ces trois auteurs se sont amusés à évoquer les cris médiévaux, le premier ceux de Londres, et les deux Français ceux de Paris. Mais le chef de chœur et son ensemble enthousiaste poussent plus loin le rapprochement, qui en devient probant : il y a des concordances dans l'écriture même. Dès le premier chœur de la soirée, « Wer, wenn ich schriee » de , le mot interrogatif est interprété d'une façon de plus en plus pressante et dans celui de Monteverdi qui suit, « Cor mio non mori ? E mori ! », la nuance met subtilement en valeur ce mot principal. Les dissonances qui font partie de la panoplie mettant en scène la douleur chez Gesualdo sont expressives en diable dans « Io parto, e non dissi », « je ne dis rien de plus », et elles permettent d'opposer la « Gioa » souplement chantée à « la dolore » dans « Gia piani nel dolore ».

On s'aperçoit que la manière de Fénelon rejoint celle des deux compositeurs italiens dans la façon de traiter les voix, et donc l'écriture : celle-ci est valorisée par la souplesse, le legato, les nuances avec lesquelles l'ensemble met en relief le texte du dernier morceau, « Plätze, o Platz in Paris ». L'apostrophe est vigoureuse, mais la réflexion sur la mort qui suit est, quant à elle, traitée en couches successives dans l'écriture, et Aedes fait cela avec une douceur et une délicatesse remarquables.

Toute différente est l'approche du répertoire Janequin-Berio. Là, les dix-sept chanteurs et le luthiste, accompagnateur et soliste, deviennent les peintres du pittoresque et se servent, en solo ou en chœur, des bruits, des chocs des consonnes, bref du rythme. Ainsi, « Money, penny come to me » offre un pendant humoristique à « La Guerre », et le bruit des pièces annonce les bruits de la bataille !
Enfin, une délicieuse et tendre chanson napolitaine chantée en bis, en rupture avec les styles précédents, ouvre encore d'autres perspectives sur la variété du répertoire de l'.

Crédit photographique : Opéra de Dijon

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