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Le Festival de La Chaise-Dieu reprend son cours normal

De Marie-Madeleine à Sainte Cécile, d'Allegri à Duruflé, de La Chaise-Dieu à Brioude, ce sont trente concerts qui ont été proposés aux nombreux spectateurs de la 51e édition du Festival de La Chaise-Dieu. Diversité et qualité sont, comme toujours, les bases de sa programmation.

Il est loin, le temps où le piano était la seule vedette du Festival de La Chaise-Dieu. Et pourtant, il est toujours là, au fil des concerts : et l'ont joué dans cette abbatiale, sur les traces de György Cziffra. Un cycle de trois concerts « Autour du clavecin » a occupé l'auditorium Cziffra, dont l'acoustique met en valeur le nouvel instrument construit en 2016, pour le 50e anniversaire du festival. C'est le facteur Frédéric Bertrand qui l'a réalisé en sept mois dans son atelier de Saint-Paulien à une vingtaine de kilomètres de La Chaise-Dieu.

La musique a envahi sept lieux…

L'abbatiale Saint-Robert accueille la Symphonie n°8 de Beethoven par l'Orchestre de l'Opéra de Rouen et la Symphonie du Nouveau Monde de Dvořák par l'. La Messa da Requiem retentit deux fois dans l'abbatiale avec le Chœur et l'Orchestre Giuseppe Verdi de Milan, sous la baguette de . D'autres beaux lieux hébergent le festival, de la cathédrale Notre-Dame, au Puy, à l'abbaye de Lavaudieu, en passant par la collégiale Saint-Georges de Saint-Paulien, comme autant d'opportunités de découvrir en musique ces édifices. Dans la basilique Saint-Julien de Brioude, la plus grande église romane d'Auvergne, construite dans la seconde moitié du XIe siècle, on admire les fresques polychromes du XIIe siècle et les vitraux, datant de 2008, de Kim En Joong, moine dominicain d'origine coréenne.

Des musiciens confirmés et des jeunes qui montent

et son , habitués du festival, terminent ici leur tournée européenne en donnant le Requiem de Zelenka, leur compositeur fétiche. Le chœur est d'abord rassurant, puis sort de l'ombre dans le Lux perpetua. Il est énergique et en colère dans le Dies iræ. La mezzo-soprano Luciana Mancini est captivante, suppliante dans son dialogue avec le ténor Václav Čížek (Recordare). Dans le Sanctus, les gestes du chef animent les voix pour encore plus d'expressivité. Le Requiem final est poignant, et on retrouve cette lumière donnée par les ténors et les basses du chœur.

Ce concert a débuté avec deux cantates de Telemann. Dans Deus, judicium tuum, on apprécie la voix ronde, souple, de la soprano Kateřina Knĕžiková, et le chœur qui chante en souriant le Benedictus Dominus. La cantate suivante Drei sind, die da zeugen im Himmel, est dirigée de façon très claire et énergique par . Dès l'ouverture, les cors dialoguent avec les trompettes. Puis Václav Čížek dit son texte d'une voix très timbrée, qui passe fort bien dans l'acoustique casadéenne. Le final offre une belle apothéose à cette première partie. A la sortie du concert, le public découvre une surprenante animation de danse moderne accompagnée par quatre musiciennes du , offerte par le groupe local ADAC.

À Brioude, la nef est bien remplie pour écouter des motets baroques de Vivaldi et Scarlatti. Le jeune ensemble , créé en 2014 par Thibault Noally, offre une qualité musicale remarquable aux festivaliers. Deux jeunes chanteuses, la mezzo-soprano et la contralto , font entendre leurs talents. Dans le Stabat Mater d', c'est la belle voix d'alto, bien timbrée, d' qui est à l'honneur. Presque trop belle : on aurait aimé un peu plus de dramaturgie pour refléter les souffrances de Marie au pied de la croix de son fils. Thibault Noally, premier violon des Musiciens du Louvre-Grenoble, donne une très bonne version du Concerto pour violon de Vivaldi, même si un peu plus de folie aurait paru nécessaire. Dans le Stabat Mater de Scarlatti, les vocalises de sont enthousiasmantes et son Alleluia est jubilatoire à souhait. À la fin de l'œuvre, se libère, et donne libre cours à sa sensibilité. On regrette simplement que l'obscurité dans laquelle la nef est plongée pendant le concert ne permette pas au public de suivre le texte.

La 51e édition du Festival de La Chaise-Dieu a réuni son public habituel avec un programme varié et de qualité, mais peut-être a-t-il manqué une ou deux grandes vedettes. Et s'il a fêté le 250e anniversaire de la mort de , il a oublié le 450e anniversaire de  ! Il continue, heureusement, à offrir de la musique aux enfants, aux familles, aux personnes âgées… Ces actions, peu connues des festivaliers, sont à mettre à son crédit.

Crédits photographiques : © daniel-kawka.com ; Collegium Vocale 1704 & © Petra Hajská 2015 ; & Anthea Pichanick © Jean-Noël Démard

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