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Danse en majesté à l’Opéra de Lyon

La soirée d'ouverture de la saison danse, 2017-2018, de l'Opéra de Lyon est une « carte blanche » à , lancée par le bel opus, The second detail de , fidèle à ce que le New-yorkais imagine et forge dans la danse, depuis quarante ans déjà. Ancré dans le XIXe siècle, selon , qui a choisi cette « pièce »-là (pour quatorze danseurs, qui n'a rien d'un détail évidemment, est un chef d'œuvre plutôt, en pièces détachées).

Sur tons gris-perle et blanc, sous une lumière douce, se met en marche une machine humaine, faite d'individus détonants. Et les rouages parfaitement lissés enchaînent arabesques, entrechats ou grands écarts jetés. Les temps classiques revisités par Forsythe, sont parfaitement rejoués grâce à l'élégance du , qui peut glisser et « échouer » toujours « mieux », au sens où l'entendait Samuel Beckett (le dramaturge).

Sur une phrase dansée, les variations simples (en solo, duo, trio, et groupe), sont déclinées, tandis que le motif se déconstruit en entités transformées. Au cœur d'une architecture savante, sur la musique électroacoustique de , les éléments apparaissent et disparaissent, et les accélérations s'achèvent en lamento. Sur scène « THE » trône en lettres majuscules comme The second detail. Quand Dorothée Delabie surgit en robe blanche, au milieu des autres danseurs en justaucorps gris perle, c'est un solo dans un ensemble, une fulgurance au sein d'un essaim.

Après l'entracte, Set and reset/reset de , magnifie encore les danseurs, par sa grâce achevée « dans l'inachevé », comme l'aurait dit (le philosophe). En effet, dans des costumes fluides, épurés, ces dieux vivants se meuvent sur une partition au cordeau, d'où s'échappent des flots de grâce. Sur les sons de (aux harmonies comparables à celles de ), ça virevolte en pleine révolution de la danse contemporaine. Sans commentaire : excellent.

Enfin, last but not least actually, la création de , comme son nom l'indique : Posé arabesque, temps lié en arrière, marche, marche, fait se suivre, en enchaînant les figures classiques pré-citées, les danseurs en quasi farandole, mais sans se donner la main. Affublés de costumes individuellement créés pour et par chacun, et donnant à penser l'histoire de la danse tout simplement, sur la Bayadère en musique, puis en silence, ils évoluent sérieux, et nous d'éclater de rire. Juste du grand Jérôme Bel. Encore : « Comment danser le XXIe siècle ? », se demande-t-il, vaste question en effet. A laquelle la non-danse répond en dansant. Tout le monde en prend pour son grade. Hilarant.

Crédit photographique : The Second Detail  ; Posé arabesque, temps lié en arrière, marche , marche – © Michel Cavalca

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