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Nouvelles archives du Concours Reine Elisabeth de Belgique

L'étiquette belge muso s'attache à nous restituer les archives du Concours Reine Elisabeth de Belgique, et après nous avoir gratifié en 2016 d'un coffret dévolu aux pianistes Jean-Claude Vanden Eynden (1964), Abdel Rahman El Bacha (1978), Frank Braley (1991), voici cette fois que sont mis à l'honneur trois violonistes ayant fait sensation à l'époque :  (1967), (1971) et (1980).

Que de souvenirs tout cela rappelle aux fans du Concours Reine Elisabeth de Belgique ! Le violoniste letton en étonna plus d'un lors de la finale du Concours 1967 en y imposant pour la première fois le Concerto pour violon en si mineur op. 61 d'Edward Elgar, œuvre absolument inattendue dans ce genre de compétition. De ce candidat peu conventionnel à la brillante carrière que l'on sait, déjà avant cette finale à l'occasion d'une exécution de la Sonate en sol majeur pour violon seul op. 27 n°5 d'Eugène Ysaÿe, l'excellent critique Marcel Doisy avait déclaré non sans humour malicieux « qu'il manie parfois un peu son archet comme un sabre de cavalerie, et qu'il monte à l'assaut de la musique avec une très belle vaillance ». C'est effectivement avec vaillance, éclat et panache qu'il interprète ce Concerto d'Elgar. Mais si sa forte personnalité le préserve de toute sentimentalité, il parvient à restituer avec tendresse la rêverie intérieure, la ferveur, si personnelles au compositeur anglais, et ces mêmes qualités de jeu font merveille dans la Fantaisie de Robert Schumann et le Poème d'Ernest Chausson. Signalons toutefois que le Concerto d'Elgar est ici entaché de nombreuses coupures, le faisant passer d'une durée normale de 55 minutes à environ 40, sans doute pour les besoins du concours…

fut très déçu de sa troisième place au classement final, le Premier Prix ayant été attribué au violoniste également letton mais naturalisé belge , malheureusement décédé d'une tumeur au cerveau, et en qui on voyait un nouveau  pour son interprétation magistrale du Concerto pour violon n° 1 en ré majeur op. 6 de Paganini.

Le cas de la violoniste gantoise  est tout aussi malheureux que celui de : classée cinquième lors de l'épreuve finale du Concours musical Reine Élisabeth 1971, elle a souffert d'un cancer incurable pendant les six dernières années de sa vie, mais a continué d'enseigner jusqu'à ses derniers mois. Tout enregistrement de cette merveilleuse artiste est à chérir au plus haut point, et c'est bien le cas pour ce couplage idéal de ces deux concertos de Chostakovitch et Bartók : sa magnifique version du Concerto pour violon n° 1 en la mineur op. 77 (99) de Dimitri Chostakovitch n'est pas sans rappeler aux fidèles du Concours Reine Élisabeth celle de l'extraordinaire violoniste russe Alexei Michlin lors de la session 1963. Pour le concert des lauréats du 2 juin 1971, elle a choisi le Concerto pour violon n° 2 de Béla Bartók où elle parvient encore à se surpasser par la ferveur rayonnante qu'elle lui insuffle et la sûreté de sa technique, rappelant le jeu exceptionnel du violoniste hongrois  installé en Belgique.

Dans tout ce qu'elle a accompli,  fit vraiment honneur à son professeur, le violoniste et remarquable pédagogue belge , lien direct vers , et .

Premier Prix du Concours musical Reine Élisabeth 1971, la violoniste israélienne nous avait offert une version éblouissante du Concerto pour violon en ré mineur op. 47 de Jean Sibelius, et il semble bien que neuf années plus tard, la violoniste japonaise , Premier Prix en 1980, ait suivi son exemple dans sa propre interprétation en nous gratifiant d'une interprétation tout aussi aboutie. Cette fine musicienne se joue de toutes les difficultés techniques de la Sonate en la mineur pour violon seul op. 27 n° 2 d', tout en en révélant la vie intérieure avec une musicalité raffinée. Et sa rencontre avec ce brahmsien-né qu'est le pianiste belge Jean-Claude Vanden Eynden ne pouvait que nous gratifier d'une Sonate pour violon et piano n° 1 en sol majeur op. 78 de Brahms de toute grande classe.

Pour terminer, il convient de signaler que la réalisation technique des CD pose parfois problème : surtout audible au casque, il semble que la Fantaisie de Schumann soit en mono, alors que les applaudissements qui s'ensuivent sont en stéréo ; inversement, si le Concerto d'Elgar est manifestement en stéréo, les applaudissements en fin de l'œuvre sont en mono… Tout cela semble pour le moins paradoxal et brutalement inconsistant ! Les applaudissements auraient-ils été ajoutés par la suite au hasard du montage alors que l'on s'en passerait bien ? Musicalement bien plus inacceptable, si le remarquable chef d'orchestre Daniel Sternefeld maintient l'intensité sonore de l'accord final d'orchestre du Poème de Chausson, respectant ainsi la partition (ce que l'on peut vérifier au fichier original mp3 du site du concours), le technicien responsable du transfert chez muso a voulu mettre son grain de sel anti-musical en appliquant à cet accord un fade-out, soit un fondu de sortie particulièrement gênant à l'audition, totalement inadmissible et irrespectueux de la volonté du compositeur et du chef. On ne peut que le répéter pour la énième fois : le technicien du son doit également être musicien !

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