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À Düsseldorf, l’extraordinaire Mandryka de Michael Volle

Pour trois représentations, l'Opéra de Düsseldorf reprend Arabella dans la mise en scène de 2015 de . C'est pourtant la distribution qui mérite le détour.

L'Opéra de Düsseldorf l'annonce comme un événement majeur : avant de prendre la route pour le MET de New York, fait escale aux bords du Rhin pour trois représentations d'Arabella de . Et l'événement a lieu. En effet, le baryton allemand dispose de tous les atouts nécessaires pour incarner un Mandryka des plus convaincants : le physique du rôle, le sens du texte et surtout une voix aux multiples facettes. Longue et grande, elle n'a aucun mal à dépasser un orchestre souvent très fourni. Et pourtant, elle possède une souplesse hors normes pour rendre justice aux moments d'introspection.

Contrairement à Volle qui promène son Mandryka aux quatre coins du monde, Arabella est une prise de rôle pour (d'ailleurs Mme Volle à la ville). Est-ce une straussienne née ? Au premier acte, on se permet d'en douter. La voix, un peu raide, prend du temps à se libérer ce qui contraste avec l'apparence très girly voulu par la mise en scène. Mais petit à petit, la voix, s'épanouit jusqu'à une scène finale d'anthologie, lumineuse et émouvante.

La distribution des autres rôles est très convaincante, à une exception près. Relevons notamment le Waldner très en voix de , l'Adelaïde superbement caractérisée de , l'Elemer vaillant de et la Fiakermilli pétillante de . Matteo, lui aussi, est entre de bonnes mains. est peut-être un rien léger pour ce rôle aussi difficile qu'ingrat, mais triomphe sans sourciller des périlleux aigus du troisième acte. L'exception concerne la Zdenka d'. Si elle incarne à merveille la jeune fille déguisée en homme, la voix manque de la couleur argentée que l'on associe habituellement à ce rôle.

Un peu mécanique au début, la direction soigneuse d' a le mérite de ne jamais couvrir les chanteurs. Et dès le deuxième acte, l'émotion est au rendez-vous. Il est d'autant plus dommage qu'elle soit quasiment absente de la mise en scène de Tatiana Gürbaca : décors blancs d'une froideur agaçante, de plus uniformes pendant les trois actes et une tendance fâcheuse à l'exagération (les trois prétendants, le bal qui vire à l'orgie). Ce n'est que la direction d'acteurs qui finit par sauver la mise. Où est-ce la musique et ses interprètes qui nous consolent ?

Crédit photographique : (Mandryka), (Arabella) © Thilo Beu

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