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Donna del lago à Marseille : un feu d’artifice du bel canto

L'Opéra de Marseille est réputé pour nous proposer les belles voix à entendre. C'est de nouveau le cas avec cette Donna del lago (dame du lac) en version de concert, œuvre de Rossini fort peu donnée à l'intérieur de nos frontières.

Autant le dire d'emblée, dépasse la distribution de la tête et des épaules. Celle qu'on ne peut plus qualifier de mezzo-soprano, mais plutôt de soprano dramatique d'agilité, impressionne par la souplesse, la couleur, l'étendue et la puissance de sa voix, et son goût dans les ornementations. Après sa Semiramide en début de saison à Saint-Étienne, son Armida à Montpellier l'an dernier, et son CD consacré aux grandes héroïnes de Rossini en 2016, il semble qu'elle possède la tessiture exacte d'Isabella Colbran, créatrice de tous ces rôles et épouse de , exécrée par Stendhal !

Autre interprète féminine, l'ébouriffante , au timbre charnu, à l'assise solide dans le médium et le grave, à la virtuosité sans faille, fait merveille. Refusant la convention selon laquelle une cantatrice en travesti doit se vêtir en habits masculins, elle arbore une magnifique robe de soirée tout aussi impressionnante que sa voix.

La grande découverte de la soirée est néanmoins le ténor , qui après Pylade (Ermione) à Lyon et au Théâtre des Champs-Élysées, Osiride (Mosè in Egitto) au San Carlo de Naples, Idreno (Semiramide) à La Fenice de Venise, semble s'imposer en véritable baryténor rossinien. Les sauts de registre ne paraissent lui poser aucun problème, non plus que les aigus vaillants et la projection à pleine voix, mais aussi une douceur de timbre qui augure bien de ses Alfredo et duc de Mantoue à venir bientôt dans cette même salle.

Moins spectaculaire, mais plus élégiaque, campe un héros sucré, plus amoureux que monarque, fluide et joliment nuancé.

, dans un rôle bref, mais en or, magnifié par des bêtes de scène tels que Samuel Ramey, semble bien terne. Dans le rôle très épisodique d'Albina, se montre à la hauteur, tandis que les prestations de fluctuent en qualité selon les différents petits rôles qui lui sont proposés.

Le chef , qui fut assistant d'Alberto Zedda, connait son Rossini sur le bout des doigts. C'est la première fois qu'on ressent, sous sa baguette énergique, tous les accents belliqueux qui parcourent l'œuvre, jusqu'à ne former qu'un unique cri guerrier.

Marseille, capitale du bel canto ?

Crédits photographiques : © Christian Dresse

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