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Anja Harteros dans la Force du destin à l’Opéra de Paris

Une au firmament, des débuts à l'Opéra de Paris retentissants pour et le dramatisme jaillissant de la direction de donnent un nouveau souffle à cette Forza del destino.

Sa longueur, soulignée par une intrigue emberlificotée, fait de La Forza del destino, l'un des ouvrages lyriques les moins populaires de Verdi malgré le thème principal pourtant ancré dans toutes les mémoires. L'absence d'unité de temps et de lieu et le foisonnement anarchique de situations sont néamoins maîtrisés grâce au « no man's land » de présenté la première fois à Paris en 2011. Une approche à l'état brut où quelques accessoires donnent un sens immédiat – et donc efficace ! – au propos, dans une esthétique toujours menée avec finesse et intelligence, agrémentée d'un aspect graphique de bon aloi par son plateau incliné, l'habillement des lumières de et ce Christ spectaculaire.

Malgré le déséquilibre manifeste de l'énergie dramatique de cette partition, sait tenir l'attention tout au long de ces quatre heures de spectacle. Le romantisme verdien résonne dans sa splendeur grâce à un qui en restitue sa pleine poésie. S'y affirment tous ses contrastes parfois violents malgré quelques imprécisions rythmiques entre la fosse et le plateau d'un soir de première : fougueuse et triomphante, nuancée et savoureuse dans les moments plus introvertis. L'Orchestre déploie des nuances superlatives et projette avec minutie une lumière sur de nombreux détails, affirmant surtout un grand sens du théâtre. Les solistes sont aussi inspirés les uns que les autres, entre une harpe irréelle par son élégance et son sens de la phrase, que la clarinette et ses sonorités lumineuses au prélude de l'acte III. Dans la même lignée, le est d'une efficacité et d'une rigueur redoutables, basculant entre puissance et subtilité selon le déroulement du drame.


Ce sont les débuts à Paris du ténor . Son Alvaro, impétueux et franc, manque il est vrai de couleurs et de consistance théâtrale que la direction d'acteurs particulièrement fade souligne encore plus. Mais quelle projection admirable dans ce grand vaisseau amiral qu'est l'Opéra Bastille ! Et cela dans un naturel et une force constante, des nuances subtiles dans O tu che in sen agli angeli, un timbre riche et épanoui et un élégant charisme dans ses sublimes costumes de Maria Chiara Donato.

La soprano est une incarnation vibrante de Leonora dans toutes les contradictions du personnage, avec un timbre riche dans toute la tessiture, une souplesse de la ligne dans sa scène avec le Père supérieur Guardiano et une subtilité sans égale dans son air Pieta madre vergin. Le rayonnement de cette vulnérabilité étouffée et paralysée par les obligations religieuses et son devoir familial, est porté par une finesse incomparable dans son air final Pace, pace.

Porté par le duo très expressif entre Alvaro et Carlo lors de leur duel au dernier acte, Željko Lučić assure à son personnage un tempérament exemplaire. Les interprètes des nombreux seconds rôles affirment tous la même dynamique d'intentions, pour défendre au mieux les intentions verdiennes.

Crédits photographiques : © Julien Benhamou / Opéra national de Paris

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