- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Werther ou le couple idéal à Toulouse

Le couple et s'était déjà essayé en Werther et Charlotte il y a tout juste un an à l'Opéra de Vichy en version de concert, et cela s'était révélé une immense réussite.

Ils réitèrent l'exploit au Capitole de Toulouse, avec encore plus d'intensité et de raffinement, s'il est possible.

Lui, sensible en diable, distille une palette de couleurs d'une incroyable finesse, des aigus en demi-teintes à tomber de bonheur, avec en prime des intentions musicales d'une rare élégance. Elle, passionnée et frémissante, fait montre de son timbre opulent, et de toute l'étendue de son registre, passant sans problème aucun de graves somptueux à des aigus sonores. Ils représentent à eux deux la quintessence du couple romantique.

À leurs côtés, campe un Albert monolithique, tout en tradition et sans beaucoup de relief. La Canadienne , que l'on croise de plus en plus souvent sur les scènes hexagonales, incarne une Sophie idéale : fraîche sans être mièvre, légère avec cependant un timbre corsé.

Le bailli de représente la substance du chant français : chic dans le style et diction irréprochable, tout comme , qui a presque trop de classe pour l'épisodique Schmidt. Son compère est un Johann sans histoires. Les trois manquent d'un grain d'humour et de loufoquerie, mais c'est sûrement la faute de la mise en scène, trop sage.

Quelqu'un, un chef, un répétiteur, quiconque, aurait pu expliquer à Céline Laborie et qu'il fallait accorder leur prononciation dans les quelques mots qu'ils ont à chanter, l'un disant KlopStock et l'autre KlopCHtok. C'est peu, mais c'est gênant.

À la baguette du toujours irréprochable Orchestre national du Capitole, impose une lecture d'un romantisme exacerbé, à l'aune du couple vedette. La tension monte à chaque minute du drame, tout en évitant le moindre pompiérisme dégoulinant.

La mise en scène de , reprise avec scrupule par Frédérique Lombard, date de 1997, et avait permis à Roberto Alagna de s'illustrer dans le rôle-titre. Grâce à son classicisme, elle n'a pas pris une ride, mais c'est au prix d'une certaine pesanteur, voire d'un certain ennui. Les décors, lourds et très premier degré, laissent peu de place à l'imagination, et si toutes les didascalies sont respectées à la lettre, les déplacements des protagonistes restent réduits au strict minimum.

Crédit photographique : © Patrice Nin

(Visited 1 296 times, 1 visits today)