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L’orgue de Christopher Jacobson sauve Saint-Saëns et Poulenc face à l’Orchestre de la Suisse romande

Consacré à la musique française pour orgue et orchestre, l'intérêt du présent album repose essentiellement sur le jeu de l'organiste Christopher Jacobsen. Heureusement car ses partenaires déçoivent quelque peu !

Très intéressant instrumentiste, parfaitement à l'aise face au somptueux orgue de la Salle Victoria de Genève, construit en 1894, l'Américain s'empare avec gourmandise de trois partitions françaises du plus haut niveau. Son expertise, acquise en particulier à la Duke Chapelle de l'Université et à la Duke Divine School de Caroline du Nord, fait merveille et impressionne par son toucher contrôlé, ses phrases bien tenues et ses choix dynamiques judicieux.

Il est dommage que l'engagement de l', fondé par Ernst Ansermet en 1918, pèche par une clarté sonore excessive et par un manque d'engagement et de générosité dans la Symphonie n° 3 avec orgue de achevée en 1886. Ce constat doit probablement aux intentions du chef japonais qui, en dépit d'une riche et attractive carrière internationale, au concert et au disque, passe à côté de l'esprit typiquement français de cette partition en réalisant une lecture honnête mais dépourvue de passion et d'ampleur.

Dans le Concerto pour orgue, cordes et timbales de , élaboré entre 1934 et 1938, l'orchestre se montre plus convaincant, plus proche de l'esprit du créateur et probablement plus stimulé par le jeu passionné de l'organiste. Le premier et le troisième  mouvements, deux adagios, affichent une gravité profonde que viennent gommer les deux allegro, lieu d'une virtuosité assumée, populaire et délicate à la fois.

Quant à la Toccata, cinquième mouvement de la Symphonie pour orgue n° 5 (1879) de , elle constitue une occasion pas si fréquente de reconnaître au compositeur,  en fonction à l'église Saint-Sulpice à Paris pendant plus de six décennies, la place majeure qui lui revient.

Au plan des références discographiques, on restera fidèle à C. Munch-B. Zamkochian (RCA), D. Barenboim-G. Litaize (DG), M. Plasson-M. Eisenberg (EMI), E. Ansermet-P. Segond  (Decca) pour Saint-Saëns et à G. Prêtre- M. Duruflé (EMI), J. Martinon-M.C. Alain (Erato), sans oublier Y. Nézet-Seguin-J. O'Donnell (LPO) pour Poulenc. Pierre Princemaille (Solstice) reste une valeur sûre pour Widor.

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