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Le Barbier de Laurent Pelly disponible en DVD

Dans une mise en scène sobre, efficace et originale, les chanteurs de la jeune génération trouvent leurs marques. Triomphe du théâtre, de l'élégance et de l'esprit d'équipe.

Filmée en décembre 2017 au Théâtre des Champs-Élysées, également jouée dans d'autres théâtres du continent européen (Bordeaux, Marseille, Tours, Luxembourg, Klagenfurt), la production de avait été chroniquée dans nos colonnes. La dimension « méta » du chef d'œuvre de Rossini, et notamment le recours à divers procédés de la mise en abyme, justifient les choix esthétiques du metteur en scène, qui parsème son plateau d'immenses pages de musique, disposées de diverses manières, autour desquelles se déroule l'action. Cet habile dispositif, dont Pelly nous avait déjà donné un avant-goût dans d'autres productions (celle de Platée au Palais-Garnier, par exemple, avec la robe de La Folie), donne une belle unité de ton à un spectacle dépouillé des accessoires qui encombrent souvent ce pilier du répertoire. Les lignes des portées musicales ou des claviers pianistiques constituent un décor d'une rare élégance, lequel, incidemment, se marie idéalement avec le cadre art-déco du Théâtre des Champs-Elysées. La direction d'acteurs est particulièrement soignée dans les scènes d'ensemble, où chaque choriste semble être parfaitement à sa place. La réalisation de François Roussillon souligne l'immense travail scénique accompli sur le plateau.

Comme souvent dans les productions de , les chanteurs sont pleinement investis dans le spectacle, qui se lit comme le fruit d'un véritable travail d'équipe, même si certaines personnalités se détachement plus fortement que d'autres. Vocalement et scéniquement, le plateau est très nettement dominé par le formidable Figaro de , qui semble avoir trouvé dans cet emploi le rôle de sa jeune carrière. Dire qu'il possède toute la gouaille et tout le naturel de Figaro serait oublier de signaler qu'il domine parfaitement la ligne et le style rossiniens, et que l'élégance de son chant n'a rien à envier aux grands belcantistes des générations précédentes. On en dira presque autant du très bel Almaviva de , qui se joue des difficultés vocales de « Cessa di più resistere » même si de toute évidence il ne possède pas (encore ?) la quinte aiguë de ses grands devanciers. est une Rosina très convaincante elle aussi, au physique de rêve, mais son instrument, pourtant souple et étendu, n'a pas tout à fait l'égalité sur tous les registres de ses deux partenaires masculins. Belles prestations également de en Basilio et de en Bartolo.

À la tête de son Cercle de l'Harmonie, veille à l'équilibre entre la fosse et le plateau. Sa direction fine et ciselée est un plaisir pour l'oreille, et l'épure musicale qui en résulte s'accorde idéalement avec l'élégance et la sobriété de mise sur la scène. Le marché du DVD est désormais riche de belles mises en scène du Barbier. On n'aura aucune raison de ne pas préférer la dernière venue.

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