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Coup de cœur de Noël pour Les secrets d’un violoncelle

Le violoncelle est entré dans la mémoire collective contemporaine avec Mstislav Rostropovitch jouant Bach devant le mur de Berlin. C'est par une image similaire que s'achève Les secrets d'un violoncelle, beau conte entre dure réalité et merveilleux, à l'illustration musicale finement sélectionnée.

Durant la Seconde Guerre mondiale, une femme portant son bébé et poursuivie par des soldats, se réfugie chez le petit Micha, héros de ce conte, et son grand-père. Avant de repartir, elle confie son violoncelle à ce dernier, qui le confie à son petit-fils à son tour, avant d'être emporté par une rafle. Devenu un grand concertiste, Micha retrouve miraculeusement la propriétaire de l'instrument. Le conte ne parle pas de « nazis », de « Seconde Guerre mondiale », ni de « Guerre froide ». Son évocation de l'Histoire du XXe siècle, par le truchement de la fiction et de la musique, n'en est que plus efficace.

Parlons d'abord de la musique, puisqu'elle est omniprésente. Il faut saluer la variété des choix musicaux, laissant notamment une belle place aux œuvres du récent XXe siècle : l'immanquable Tout un monde lointain (précisément dédicacé à Rostropovitch) d', avec un court extrait de Miroirs pour un moment poétique, mais aussi les concertos pour violoncelle de et de . Et aurait-on pu trouver plus percutant que la Sonate de Requiem op. 283 d' pour évoquer la brutalité et le tragique de la rafle qui emporte au loin le grand-père ? La Suite pour violoncelle d' évoque subtilement le judaïsme de la famille de Micha. La musique vient tantôt illustrer ou renforcer la portée du récit, tantôt jouer un rôle narratif, en particulier la Berceuse op. 98 de Schubert, associée à la figure de la femme violoncelliste, ou les Suites de Johannn Sebastian Bach, au début et à la fin de l'histoire. et accompagnent les épisodes merveilleux, Antonín Dvořák (Trio « Dumky » op. 90) les moments de bonheur, une rencontre étrange avec un ours… ; chaque moment est illustré de manière efficace, donnant envie d'en entendre d'avantage. Le disque vient piocher dans une belle sélection d'enregistrements existants de et (voir dans nos pages Schubert, Elgar, Schoeller et Amy, Bach pour le premier, Strauss et Reger pour la seconde).

Le casting est tout aussi réussi du côté de l'histoire, avec un texte finement écrit par Claude Clément, dont Le peintre et les cygnes sauvages et Le luthier de Venise sont aujourd'hui des classiques du livre pour la jeunesse, et la lecture simple et claire de l'actrice Bérénice Béjo. L'ensemble est servi par une illustration point trop réaliste mais suggestive. En complément du conte, deux pages didactiques présentent l'instrument, et des bonus permettent d'entendre une des Pièces lyriques (pour violoncelle et piano) d', un extrait de La Nuit transfigurée d'Arnold Schoenberg et surtout l'Allegro de la si belle Suite pour violoncelle et piano op. 32 de . Voici donc un cadeau tout à fait recommandable pour les plus de 7 ans à Noël.

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