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Les Talens Lyriques pour les faveurs d’Isis

Opérée cet été au festival de Beaune, la résurrection d'Isis par est désormais gravée en disque en édition limitée, continuant son cycle opératique autour du musicien de Louis XIV.

Aimée par Jupiter alors qu'elle est fiancée, la nymphe Io est l'objet de la jalousie de Junon, l'épouse de son prétendant. Avec la vengeance de cette dernière, les aveux et le repenti du véritable fautif, Io devient « déesse des peuples du Nil » sous le nouveau nom d'Isis. Le livret de Quinault reconnu plus pour ses attraits poétiques et littéraires plutôt que pour la narration qu'il porte, donna ainsi l'occasion à Lully de défendre des qualités musicales au détriment d'un sens de la tragédie qui fera pourtant sa réputation dans le reste de sa production. Qualifiée par Le Cerf de La Viéville d'« opéra des musiciens » en raison d'une partition « trop savante », cette tragédie en musique détient ainsi de très beaux moments : l'unité musicale de l'excellent prologue et le célèbre lamento de Pan « Hélas, hélas, quel bruit ! », déploient une inventivité d'écriture que les frissons du « chœur du froid » à l'acte IV ne démentiront pas.

Les climats extrêmement contrastés et la somptuosité des timbres profitent de l'exécution particulièrement inspirée des Talens Lyriques et du , colorés à souhait et d'une lecture parfaitement limpide et claire dont la netteté du jeu et du chant sont admirablement maîtrisées, agrémentées du brillant impact des percussions de (lire notre article sur les percussions dans l'orchestre baroque).

L'expressivité et la puissance du chant d' affirment quant à elles une variété de couleurs particulièrement agréable pour une interprétation fascinante. La mezzo maîtrise à la perfection la rhétorique baroque tant défendue par le chef d'orchestre. Elle est entourée de la grandeur du chant d' (Hiérax), de l'évidence du mordant de , que ce soit sous les traits de Neptune ou Argus, d'un solaire et rayonnant dans toute la variété des registres de ses nombreux rôles (Apollon, Pirante, la Furie), du timbre superbe et de la justesse interprétative de (Mercure), d'une colérique maintenant une musicalité toute en démesure dans le rôle de la déesse Junon, tandis qu' donne sa pleine mesure au personnage de Jupiter au centre de toutes les attentions, son timbre majestueux rendant justice à la noblesse du rôle… C'est une distribution de premier ordre dont bénéficie cette version d'Isis qui succède à celle d'Hugo Reyne en 2005.

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