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Vannina Santoni et Saimir Pirgu en récital au TCE

Déjà réunis il y a un an au Théâtre des Champs-Élysées pour une Traviata de Verdi unanimement acclamée, et se retrouvent aujourd'hui sur cette même scène pour un récital de belle tenue qui confirme l'irrésistible ascension de la soprano française.

Toutefois, ce florilège de grands airs d'opéra très connus, regroupés dans un programme audacieux pour répondre aux attentes d'un public enthousiaste et conquis d'avance, touche, hélas rapidement, aux limites du genre par son aspect quelque peu hétéroclite, alternant le bon et le moins bon. À l'impossible nul n'est tenu, et force est de reconnaître qu'il est bien difficile de passer, le temps d'un récital, de Mozart à Puccini, sans oublier Verdi, Donizetti, Gounod, Massenet, Cilea ou encore Leoncavallo… Excusez du peu !

Dans ce « hit-parade » lyrique, Verdi avec La Traviata et Puccini avec La Bohême sont indiscutablement les mieux servis. Le rôle de Violetta comme celui de Mimi fournissent à un terrain idéal pour faire valoir sa vocalité somptueuse de soprano lyrico-dramatique. Le timbre lumineux qui sait se corser à la demande, la projection idéale, la diction irréprochable, la souplesse de la ligne et l'engagement scénique parviennent à donner à ces deux héroïnes mythiques un relief très convaincant. Compensant certaines minimes faiblesses vocales, avec des aigus parfois détimbrés, par une indéniable théâtralité, le dramatique « E strano… Ah ! fors'è lui… Sempre libera… » répond au déchirant « Si, mi chiamano Mimi » dans un grand moment d'émotion. Les morceaux de bravoure comme « Je veux vivre » de Gounod ou les performances belcantistes de l'Elixir d'amour de Donizetti sont ici parfaitement assumés avec une virtuosité sans faille.

Face à , ne démérite pas, très complice dans les duos, confirmant une carrière menée déjà depuis plusieurs années sur les plus grandes scènes lyriques. Si son Don Ottavio (« Il mio tesoro ») comme son Werther (« Pourquoi me réveiller ») paraissent un peu raides avec une voix parfois forcée dans l'aigu, en revanche son air célébrissime de Nemorino « Una furtiva lagrima » est un modèle du genre par son souffle bien tenu, malgré un tempo d'une impressionnante lenteur, magnifiée par de belles nuances et un sublime legato.

L'-Liège est conduit par son ancien directeur musical . Si Mozart reste le parent pauvre de cette soirée avec une Ouverture de Così fan tutte terne et sans relief, en revanche le Prélude de l'Arlesiana de Cilea et l'Intermezzo de Pagliacci de Leoncavallo font chanter les couleurs de l'orchestre où le lyrisme des cordes (cordes graves) répond à la qualité des vents et notamment des cuivres, impressionnants par la rondeur et la justesse de leur chant.

En bref, un récital aux multiples facettes comblant les attentes du public de l'avenue Montaigne et se concluant dans la fête et quelques pas de danse sur l'incontournable « Libiamo » qui fait lever la salle.

Vannina Santoni retrouvera en avril prochain la scène du TCE pour un Roméo et Juliette de Gounod en compagnie de Jean-François Borras. Avis aux amateurs.

Crédit photographique : Vannina Santoni, © Vincent Pontet

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