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Renaud Capuçon et ses amis en concert à la Philharmonie de Paris

Alors que la reprise d'une activité musicale partielle se confirme dans certaines salles de concert, et ses amis investissent la Grande Salle Pierre Boulez de la Philharmonie de Paris pour un programme limité aux Métamorphoses de , à huis clos, mais retransmises en direct sur internet.

La réouverture progressive des salles – pour le moment sans public, en tenant compte des impératifs sanitaires, avec des effectifs réduits, et des durées d'exécution raccourcies – semblent aujourd'hui un fait acquis. La veille pour son retour sur scène, l' proposait un programme associant trois œuvres de et . Ce soir, Strauss encore, avec les Métamorphoses interprétées par le violoniste entouré de vingt-deux de ses amis solistes…

Métamorphoses, sous titrée « Étude pour vingt-trois cordes solistes », est une grande méditation funèbre, écrite en 1945 dans les suites de la destruction de l'opéra de Munich, ville natale du compositeur. Faut-il y voir certaines analogies avec la période que nous vivons ? Ces Métamorphoses prennent-elles ce soir une acuité particulière devant cet adieu de Strauss à l'ancien monde ? À chacun d'en juger et d'alimenter sa réflexion…

Sur le plan musical strict, le mot « Métamorphoses » résume à lui seul le procédé d'écriture : polyphonie complexe évoluant dans une texture mouvante et une complète liberté thématique. C'est un juste et bel hommage que , dirigeant du violon, et les musiciens, rendent ce soir à ce sublime chef d'œuvre du compositeur avec cette interprétation alliant profondeur, rigueur et cohésion. L'Adagio initial est entonné par les cordes graves (violoncelles et altos) dans un climat de lamento, bientôt rejoint par les violons pour une montée progressive en puissance, riche en nuances et chargée de tension. La texture orchestrale frappe par sa clarté mettant au jour, avec précision, toutes les voix, les plans sonores et les contrechants. La tension dynamique jamais ne se relâche, renforcée par une agogique envoûtante jusqu'au finale plus apaisé conduisant ensuite au silence… Une interprétation particulièrement émouvante.

Crédit photographique : Renaud Capuçon © Simon Fowler

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