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Nouveaux regards sur le Ring wagnérien

Depuis sa création à Bayreuth en 1876, le Ring n'a cessé d'interroger, justifiant de multiples et répétées tentatives d'exégèse. Le bicentenaire de la naissance de (contemporain de celui de ) célébré en 2013, a permis d'apporter son lot de nouvelles études et productions qui permettent aujourd'hui de poser de nouveaux regards sur cette œuvre grandiose et complexe.

Ce nouvel opus de la collection de l'Avant-Scène Opéra consacré au Ring wagnérien se veut à la fois une suite et un complément aux précédentes publications traitant séparément des quatre opéras : L'Or du Rhin, La Walkyrie, Siegfried et Le Crépuscule des dieux.

La première question, posée par , traite de l'opportunité d'abréger le Ring, en concentrant la durée d'exécution sur 24 heures (Erl 2005 et Cologne 2006) ou en y faisant des coupes, parfois drastiques ou malencontreuses (Dijon 2013 ou Ring Saga 2011) réduisant les quinze heures de musique initiales à neuf petites heures, avec un effectif orchestral réduit, voire un Ring « muet » purement symphonique (Maazel) de 175 minutes, raccourci encore par à cinquante cinq minutes… Si toutes ces tentatives pour rendre le Ring plus accessible sont louables en soi, elles omettent une composante fondamentale qui est la spécificité du temps wagnérien et ses rapports essentiels avec l'espace et la mémoire, rendant toute tentative de réduction fatale à la dramaturgie wagnérienne. L'article suivant de Jules Cavalié traitant des leitmotivs, avec illustration musicale via l'application ASOpéra pour smartphone (!), en apporte la bien cruelle preuve. Suivent ensuite les incontournables articles (Dorian Astor, Nicolas Derny) sur les rapports de Wagner avec Nietzsche et sur l'antisémitisme du maître : rien de bien nouveau sous le soleil de Tribschen ou de Bayreuth. Quitte à traiter des rapports du Ring avec la philosophie, d'autres approches eussent été plus novatrices, comme celle d'une lecture à la lumière de Feuerbach par exemple qui paraissait s'appliquer plus spécifiquement au Ring ? Une note de Claude Lévi-Strauss, extraite du Regard éloigné, replace ensuite la Tétralogie dans une perspective ethnologique autour du thème de la « Renonciation à l'amour » et des rapports de contrainte et de liberté régissant les sociétés, avant que trois productions marquantes : Copenhague 2006 ; Bayreuth 2013 et Munich 2018 ne soient détaillées respectivement par Jean-François Candoni, et Pierre Flinois.

Une très belle iconographie intitulée « Dix Ring en images », une copieuse discographie-vidéographie, une bibliographie succincte, mais bien choisie, et un catalogue des différentes productions du Ring de 2004 à 2020 clôturent ce numéro, indispensable à tout wagnérien qui se respecte !

 

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