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Mozart le magicien par Laurence Equilbey et l’Insula Orchestra

et son ont construit un spectacle sur la thématique de la magie chez , avec une belle palette de chanteurs. Le disque qui en résulte, un agréable pot-pourri d'extraits d'opéras, d'un air de concert et de quelques extraits de pièces mineures, a surtout l'avantage de donner à entendre de fort beaux talents mozartiens.

L'éclairage présenté des pièces musicales choisies, selon les couleurs des trois magies (blanche/bienveillante, noire/malveillante et rouge/amoureuse) ne présente pas un intérêt majeur. Il faut faire un effort pour les distinguer l'une de l'autre, lequel effort n'apporte rien d'utile. Elle peut même paraître réductrice, et inapte à expliquer le caractère enchanteur de l'oeuvre du « Zauberkind ». Mais peu importe, ce qui nous est donné est beau et musicalement très convaincant. C'est un bonheur d'entendre chanter les deux grands airs de la Comtesse avec un phrasé impeccable et son inaltérable fraîcheur, dont elle fait encore preuve dans le rôle de Papagena. Très juste aussi de ton, de sentiment et de jeunesse, le Chérubin de . ne fait qu'une bouchée gourmande des difficultés pyrotechniques du deuxième air de la Reine de la nuit et des écarts vertigineux de « Vorrei spegarvi« . Elle nous impressionne plus qu'elle ne nous effraye dans « Der Hölle Rache« , mais nous touche pleinement dans cet air de concert qui est un des meilleurs moments du disque. signe – bien dans sa manière – un Papageno réjouissant, ainsi qu'un Don Giovanni terriblement séduisant, plus petit maître que grand seigneur. est à son affaire dans Pedrillo et Monostatos, et incarne un Tamino beau et léger comme un prince de conte de fées.

Les couleurs de l' sont inhabituelles, puisqu'on a adjoint à son effectif relativement modeste le renfort d'un fortepiano pour donner un peu de volume à la pâte. C'est un peu surprenant, mais pas désagréable. Les pupitres sont d'une grande netteté et suivent à la lettre les intentions de leur cheffe.

Si la vraie fonction de ce disque était de prouver que  convient à ce répertoire des grands opéras de la maturité, Cosi ou les Nozze, alors, c'est chose faite. Toutes les ambiances (un jardin la nuit, la baie de Naples au soleil…) sont restituées avec justesse. Tous les sentiments humains que décrit Mozart sont rendus, de la fureur délirante de la Reine de la nuit à la candeur de Barbarina, du désir de Don Giovanni à la nostalgie de Rosine Almaviva, et tous sont baignés de cette grâce incomparable qui les absout ou les justifie. Il n'était besoin pour s'en convaincre que d'écouter le trio des brises de Cosi, d'une clarté et d'une intensité rares. Elle sait aussi s'adapter à ses chanteurs, leur donner au besoin un peu d'air ou au contraire accélérer la battue pour glisser rapidement sur des moments délicats (Porgi amor). Aucun doute,  a vocation à servir les grands opéras de Mozart.

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