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L’Orfeo de Monteverdi par l’ensemble I Gemelli

D'une distribution de premier plan, émerge le trio de ténors constitué de , et Emiliano Gonzalez-Toro, avec une superbe réalisation orchestrale de la part de l'ensemble .


Donnée ce soir en version de concert à l'Arsenal de Metz, cette proposition de L'Orfeo de Monteverdi a d'évidence fait l'objet d'une mise en scène en d'autres lieux (le Capitole de Toulouse, le Théâtre des Champs-Élysées à Paris, le théâtre Graslin de Nantes, notamment). Solistes et choristes chantent l'ouvrage par cœur, sans pupitre, et leurs divers déplacements attestent l'existence d'un véritable travail scénique. Sans doute eût-il été plus cohérent que les chanteurs se meuvent en costumes, puisque de toute façon ils évoluent sur le plateau, parfois parmi les instrumentistes. Mais si la forme choisie pour ce concert peut paraître étrangement hybride, l'engagement musical et vocal est total.

Que de grands noms du baroque dans ce chœur constitué de onze chanteurs, parfois réduit à cinq madrigalistes. L'orchestre composé d'une vingtaine de musiciens est lui aussi un pur bonheur pour l'oreille. Préparé en amont par , il est dirigé depuis le clavier par la claveciniste , soucieuse avant tout d'insuffler aux musiciens de l'ensemble la respiration qui est celle des chanteurs. Parmi ces derniers, les dames demeurent quelque peu en deçà des messieurs, même si Natalie Perez, , Mathilde Etienne et Maud Gnidzaz proposent des prestations tout à fait dignes d'intérêt. La présence d' en Euridice et Musica est un véritable luxe de casting pour des rôles aussi courts. Son soprano frais et fruité aura fait belle impression. Du côté des clés de fa, on a apprécié également les belles interventions de , et .

Ce sont cependant les « trois ténors » du plateau qui ont le plus retenu l'attention. Dans les rôles des bergers, dont on découvre qu'ils sont loin d'être anecdotiques, et font merveille, les contrastes de leur timbre soulignant l'importance dramatique de ces deux personnages à la fonction essentiellement chorique. Les inflexions rossiniennes du second se marient idéalement aux couleurs de haute-contre à la française du premier. La prestation la plus aboutie provient néanmoins d', dans son incarnation du héros de la fable. La beauté solaire du timbre, la précision presque mécanique des vocalises, la délectation avec laquelle il s'empare du texte et les mille nuances musicales dont il émaille sa lecture de la partition en font un des interprètes marquants du rôle. Aucune ombre au tableau, donc. Cerise sur le gâteau, la date du concert coïncide peu ou prou avec la parution de la réalisation discographique enregistrée par Naïve. Qu'on se le dise !

Crédit photographique : © Michel Novak

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