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Intégrale des symphonies de Franz Schmidt par Paavo Järvi

Figure majeure des élèves de Bruckner, a écrit quatre symphonies qui forment l'un des plus beaux ensembles de la musique viennoise de la première moitié du XXᵉ siècle. , suivant les traces de son père, signe cette intégrale. 

Le cycle des quatre symphonies de sort peu à peu de l'ombre, et les enregistrements de cet ensemble majeur dans l'histoire de la symphonie viennoise se multiplient heureusement. À Ludovit Rajter, disciple du compositeur, le premier à graver les quatre symphonies à Bratislava, ont succédé les gravures de Neeme Järvi à Detroit et Chicago, Luisi à Leipzig, Sinaisky à Malmo et maintenant à Francfort. Quant à eux, hélas, les Wiener Philharmoniker n'ont pas donné les quatre symphonies, se contentant d'enregistrement d'ailleurs magnifiques de la Symphonie n°2 (Mitropoulos, Leinsdorf, Bychkov) et de la Symphonie n°4 (Mehta).

Aujourd'hui, Järvi sous la fameuse étiquette jaune, offre l'ensemble capté lors de concerts parfois déjà un peu anciens (2013 à 2018). Honte d'abord à l'éditeur qui réunit l'ensemble en trois CD dont les deux premiers font moins de 50' et le troisième de 85'. Il aurait été tellement facile et judicieux de graver aussi les superbes Variations sur un chant hussard, à peine antérieures à la Symphonie n° 4, et l'imposante Chaconne, orchestration d'une grande pièce d'orgue antérieure. C'est dommage car l'album est globalement de belle tenue.

La première symphonie, chef d'œuvre d'un compositeur de vingt-cinq ans qui lui valut le prix Beethoven (auquel il s'était présenté anonymement), rayonne d'énergie juvénile et séduit plus que dans toutes les autres versions de la discographie.

Pour la monumentale Symphonie n° 2 (1911), cet enregistrement de Järvi fils manque un peu d'ampleur dans la dynamique sonore alors que l'énorme orchestre digne de Strauss ou Mahler ne demande qu'à éblouir les auditeurs. C'était plus le cas avec son père (Chandos), qui faisait sonner les cuivres surpuissants de Chicago, bénéficiant d'une disposition des micros performante, ou de Bychkov (Sony, clef d'or ResMusica), auquel les Viennois offrent leur formidable palette de timbres et un charme lyrique irrésistible (plus encore évident dans le concert de Leinsdorf, jadis chez Andante).

Pour la Symphonie n° 3 écrite en 1928 à l'occasion du centenaire de la mort de Schubert, on garde notre préférence pour Luisi (Questand) ou Sinaisky (Naxos), moins univoques et plus tendrement lyriques que Järvi.

Reste la bouleversante Symphonie n° 4 marquée par les enregistrements de Mehta, Kreizberg et Welser-Möst. Järvi souffre d'un violoncelle soliste au vibrato trop prononcé et sentimental alors que Brabec successeur de Schmidt parmi les Wiener Philharmoniker avec Mehta frôlait l'idéal. Mais il surclasse quand même le récent et contestable Kirill Petrenko et son obsession de la rapidité, malgré le superbe solo de Ludwig Quandt.

Au total, sans s'imposer absolument et détrôner les quelques gravures isolées des Wiener Philharmoniker hors d'atteinte dans ce répertoire, l'album est pétri de qualités. La visibilité de l'étiquette DG aidera certainement à populariser les œuvres de Schmidt, mais on regrette l'absence des deux grandes pièces d'orchestre qui auraient heureusement complété le cycle et que le très bref intermezzo de Notre-Dame ne saurait remplacer. Dommage.

 

Découvrir notre étude complète « , le dernier grand romantique autrichien » :

Franz Schmidt (1874-1939), le dernier grand romantique autrichien

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