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Un bestiaire baroque autour des Fables de La Fontaine

Le ténor et de proposent à l'Auditorium du Louvre un programme d'airs et de pièces instrumentales qui jouent avec le thème des fables, lues par Jennifer Decker, de la Comédie Française.

Les Fables de , publiées en 1668, ont immédiatement connu un immense succès et ont suscité de très nombreuses versions chantées, jusqu'à nos jours. C'est plus de soixante ans après leur première publication que l'organiste met en musique des textes qui parodient 147 fables sur des airs connus (noëls populaires, vaudevilles et airs d'opéras). L'ensemble Almazis avait enregistré un florilège de ces pièces en 2016. Récit comique et sous-texte moral sont parfaitement conservés, seuls changent les vers et quelques titres : « La tortue et les deux canards » devient « La tortue et l'aigle », « La cigale et la fourmi » se transforme en « La cigale et la sauterelle », et les deux compagnons de l'ours deviennent deux Gascons. Et pour pousser la parodie du côté de l'argot contemporain, Jennifer Decker choisit « Le corbeau et le renard » dans la version revisitée par Pierre Perret. Les fables originales sont lues par la comédienne, cependant que Giorgia Marras illustre le thème par une aquarelle brossée dans l'instant, comme autant de ponctuations. Airs de cour et pièces instrumentales complètent le programme, au plus près du thème animalier.

Les intermèdes instrumentaux empruntent à François Couperin et Louis de Caix d'Hervelois ; ils permettent d'apprécier les jeu déliés de la flûtiste Geneviève Pungier et de la basse de viole de . Les airs chantés mettent en avant la remarquable expressivité de , qui semble se jouer des textes comiques, servis par une parfaite articulation et une diction qui permet de profiter pleinement de la saveur des mots. La peinture des affects est admirablement brossée par le ténor, à qui on peut cependant reprocher un vibrato peu approprié au style de l'époque. Mais ce sont les airs de cour de la première moitié du XVIIᵉ siècle qui nous offrent les moments musicaux les plus savoureux. , et, surtout, et donnent aux continuistes (harpe, viole, théorbe ou guitare) l'occasion d'exprimer leur art. Deux airs à boire nous réjouissent par leur truculence (« Amis, enivrons-nous », recommande Moulinié, alors que Bataille affirme que « L'eau ne fait rien que de pourrir le poumon » …). Quant à Boësset et Lambert, ils donnent l'occasion à la viole et à la flûte de se livrer à des diminutions virevoltantes qui habillent les airs avec des ritournelles d'une grande poésie.

Crédit photographique : © Bruno Perroud

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