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La Vierge de Massenet, une originalité pour le début de saison stéphanois

Pour son entrée de saison, l'Opéra de Saint-Étienne a appelé toutes les forces vives locales, que ce soit l'Orchestre Symphonique et le , ainsi que les nombreux petits choristes de la Maîtrise de la Loire dirigés par Cécile Matheyet-Bouchet, pour réhabiliter l'un des ouvrages de la figure de la ville qu'est

Qualifiée de « légende sacrée », La Vierge de s'éloigne du monde de l'oratorio par la dramaturgie portée par un orchestre pléthorique. La Vierge est marquée par le peu d'attachement porté par le public depuis sa création en 1880 à l'Opéra Garnier. Elle a bien bénéficié de l'incarnation de Montserrat Caballé, mais même à l'Opéra de Saint-Étienne où le compositeur stéphanois est roi, il a fallu trente ans à son directeur pour la reprogrammer au sein d'une de ses saisons lyriques.

Et pourtant, les passages orchestraux font partie des moments musicaux les plus inspirés du catalogue du compositeur, que ce soit dans les préludes, dans le ballet orientalisant de la Danse Galiléenne du second tableau, ou bien encore dans le célèbre Sommeil de la Vierge. A la baguette, fait feu de tout bois pour affirmer ce goût prononcé du spectaculaire retracé dans cette partition. Elle joue habilement des contrastes en passant de l'intimisme (duo dans la scène de l'Annonciation) au grandiose (bacchanale), n'oubliant pas de mettre en lumière une intéressante et recherchée instrumentation, notamment par une utilisation singulière des vents et une transparence des cordes ce soir exaltante, grâce à une clarté des plans sonores qu'offre l' parfaitement coloré et dynamique.

Pour renforcer les rangs, le émeut moins en manquant quelque peu d'équilibre en interne comme avec l'orchestre placé au premier plan sur scène. La qualité des interventions de la Maîtrise de la Loire reste à soulever, forte d'une cohésion sonore et d'une limpidité exemplaire malgré de nombreux aigus trop serrés dans les « Alleluias » pour conquérir définitivement la salle. L'effectif abondant nécessaire à la réalisation de cet ouvrage est tel que les petits chanteurs devront se placer d'un balcon à l'autre, entraînant dans une situation quelque peu incongrue, les spectateurs croyant qu'elle s'adressait à eux alors qu'elle se préparait à indiquer leur entrée aux jeunes choristes.

Pas sûr que cette soirée soit empreint d'une grande spiritualité et d'un mysticisme affirmé, la Marie de Grandmougin et Massenet traduisant plutôt ses émois de mère et de femme qu'une véritable pensée divine. Dans un éclectisme exacerbé, , l'une des plus belles voix françaises actuelles, prenant les traits du rôle-titre, retrace dans les trois airs qui lui sont dévolus, la rencontre avec l'Ange Gabriel, sa séparation avec son fils, et son adieu final sans grande originalité du haut d'un balcon en salle. La force et la solidité de sa technique vocale, la richesse de son timbre, la maîtrise de son legato, l'intensité de ses vibratos, sa diction et ses inflexions particulièrement précises, en font une interprète de premier plan.

A ses côtés, (soprano), (mezzo contralto) et (ténor) n'ont pas l'occasion de déployer leur voix en solo, mais (baryton) sait affirmer une projection idéale pour dépasser l'effectif considérable qui lui fait face, faisant quant à elle entendre un archange Gabriel d'une notable pureté pour une réplique idéale à l'interprète star de la soirée.

Crédits photographique : © Opéra de Saint-Etienne

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