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Une Vie parisienne originelle et inédite

Pour sa première mise en scène, signe une Vie Parisienne délirante et jubilatoire à l'Opéra de Rouen, dans la version originelle intégrale de 1866.

La Vie parisienne d'Offenbach a une histoire compliquée : refusée dans sa forme originelle en 5 actes par les chanteurs du Palais Royal en 1866 du fait de ses difficultés vocales, elle sera amputée de quelques airs pour sa création, puis de nouveau modifiée à plusieurs reprises pour aboutir en 1873 à une version en 4 actes, donnée au Théâtre des Variétés, expurgée de ses références germaniques. Grâce aux inlassables recherches musicologiques du Palazzetto Bru Zane, c'est la version originelle intégrale, reconstituée et inédite, déposée au bureau de censure le 29 août 1866 qui nous est présentée, avec pas moins de 16 morceaux rares et inconnus à découvrir dans cette mouture rétablie en 5 actes.

Pour un galop d'essai, réussit assurément un coup de maître avec cette mise en scène délirante où tout est prétexte au rire, à la danse et au chant. La scénographie riche est particulièrement réussie avec une notable économie de moyens (un décor métallique à la Eiffel et un ascenseur, quelques fauteuils et tentures suffisant à définir les différents lieux), les costumes extravagants et colorés portent la marque du couturier, les éclairages judicieux et les chorégraphies bien réglées participent de la fête, la direction d'acteurs est d'une virtuosité époustouflante sans temps mort, comme autant de numéros de music-hall se succédant au fil des actes, avec de nombreux clins d'œil faisant référence aux dessins animés, au cirque, et même à Mozart…

La distribution fait appel à des interprètes rompus à la pratique de l'opérette, chanteurs bien sûr, mais également acteurs confirmés, ce qui confère à l'ensemble du spectacle une belle homogénéité globale malgré quelques disparités vocales isolées et quelques décalages avec l'orchestre dans les passages rapides où la prosodie devient particulièrement périlleuse. Le trio masculin constitué de (Gardefeu), (Bobinet) et (Le Baron) mène l'intrigue vaudevillesque tambour battant. (Métella), (La Baronne) et (Gabrielle, la gantière) assurent avec brio, vocalement et scéniquement, la contrepartie féminine. irrésistible en Brésilien peine à assumer le rythme imposé par l'orchestre dans son air célèbre, mais trouve chaussure à son pied dans le rôle du bottier Fritz. fait un grand numéro d'actrice en Madame Quimper-Karadec à l'acte IV (recréé pour l'occasion). Les rôles secondaires, souvent multiples, tenus par , , (souffrante) épaulée vocalement par Louise Pingeot et Marie Kalinine complètent avec bonheur cette distribution.

Dans la fosse, conduit tout ce beau monde, orchestre et chanteurs, avec allant et enthousiasme tout au long de cette folle Vie parisienne que l'on pourra retrouver également à Tours, prochainement, et au Théâtre des Champs-Élysées pour les fêtes de fin d'année.

Crédit photographique : © Vincent Pontet

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