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Paul Lewis superbe dans les sonates de Haydn

Le pianiste britannique consacre un deuxième CD aux sonates de Haydn, qui ne sont pas aussi connues et enregistrées qu'elles le mériteraient.

Plus nombreuses, mais moins célèbres que celles de Mozart, ces sonates abordent souvent un genre expérimental, qui a établi le style classique. Haydn le disait lui-même, il utilisait son clavier comme un laboratoire, laissant dériver son imagination et approfondissant chaque idée qui lui semblait intéressante. Elles n'ont que tardivement intéressé les pianistes, même si certains s'y sont penchés dès les années 30 du siècle dernier, puis leur intérêt fut grandissant dans les cinq dernières décennies avec de superbes témoignages de Lili Kraus, , Paul Badura-Skoda, Glenn Gould, Catherine Collard, Patrick Cohen, Marc-André Hamelin, Rudolf Buchbinder, Andreas Staier, les intégrales de Ronald Brautigam, la passionnante somme de Christine Schornsheim, sans oublier celles en cours de Jean-Efflam Bavouzet.

Quant au présent disque de , le label Harmonia Mundi laisse supposer qu'il pourrait s'agir du début d'une nouvelle intégrale. Après ses excellents cycles Schubert, Beethoven, Brahms et quelques pépites de Liszt, le pianiste marche dans les pas de son maître qui grava un somptueux bouquet de ces sonates. Composée avant 1780 et publiée à Vienne, la Sonate n° 20 en do mineur a longtemps été considérée comme une œuvre majeure de la littérature pour clavier de Haydn. Avec les n° 35 et 39 elle est dédiée au sœurs Auenbrugger, deux pianistes virtuoses que Haydn appréciait particulièrement pour leurs qualités musicales « dignes des plus grands maîtres ». Vraisemblablement d'une composition antérieure, la Sonate en mi mineur n° 34 fut publiée à Londres entre 1783 et 1784. Avec des guirlandes de triples croches sur un accompagnement en accords épars dans l'adagio et le finale en doubles variations, elle présente une difficulté d'exécution certaine. La Sonate en mi bémol majeur n° 52, composée à Londres en 1794, est plus impressionnante encore en concert. Haydn y explore les possibilités des piano-forte anglais en éprouvant la virtuosité de l'interprète. La première édition anglaise la nomma assez justement « Grand Sonata ». Haydn la composa pour Therese Jansen, une pianiste professionnelle londonienne, qu'il devait tenir en haute estime puisqu'il lui dédia également trois de ses plus importants trios pour piano, les Trio HobXV: 27, 28 et 29. La Sonate en ré majeur n° 51, date également du second voyage en Angleterre entre 1794 et 1795. Dans une lettre de 1804 à son premier biographe, Haydn dit l'avoir composée pour « une dame en Angleterre ». On a cru qu'il s'agissait également de Therese Jansen, mais ses petites dimensions en deux mouvements et ses difficultés techniques moindres feraient plutôt penser à Rebecca Schroeter à laquelle il avait donné des leçons de piano lors de son premier séjour en Angleterre et qui était ensuite devenue sa maîtresse.

est admirable et original dans ces sonates considérées parmi les plus belles de son vaste corpus. On apprécie sans réserve sa clarté d'élocution, la finesse des articulations et la légèreté des ornements. Il n'omet aucune reprise, s'en tenant scrupuleusement au texte de Haydn, y compris la deuxième fois, rendant justice de belle manière à la richesse et la variété d'invention du compositeur. Son Haydn donne une agréable impression de naturel et de fluidité. Nous espérons la suite avec gourmandise.

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