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Nouvelle Symphonie de Rameau avec Marc Minkowski et les Musiciens du Louvre

Vingt ans après leur premier programme consacré à des pièces instrumentales de Rameau, Minkowski et récidivent pour le plus grand bonheur de tous. Aux splendeurs orchestrales s'ajoute le chant sobre et expressif du baryton .

Ce CD pourra être entendu comme le second volet du programme « Rameau symphoniste » enregistré il y a près d'une vingtaine d'années par et . L'histoire de la musique étant ce qu'elle est, il est vrai que les seules pages orchestrales composées par Rameau sont toutes extraites de sa production lyrique. Qu'il s'agisse de pièces destinées à accompagner les numéros dansés, le plus important matériau symphonique de l'opéra français du XVIIIᵉ siècle, ou bien de l'illustration musicale de ce qui se jouait visuellement sur la scène de théâtre – tempêtes, sommeils, incantations, bruits de combat… –, les morceaux instrumentaux composés par Rameau, loin de se limiter à une simple fonction d'accompagnement, font de son orchestre un véritable outil dramaturgique au service du déroulement de l'action et de la psychologie des personnages. Bien plus présent que dans l'opéra italien de la même époque, où il se contente d'accompagner les airs de façon parfois stéréotypée, l'orchestre des opéras de Rameau n'a pas son pareil pour planter le décor et souligner les affects, en plus d'enchanter l'auditeur par la suavité de ses mélodies, la richesse de ses timbres ou la hardiesse de ses couleurs. Que l'on réécoute l'époustouflante ouverture d'Acanthe et Céphise pour se convaincre de l'audace et de la modernité d'une telle orchestration.

Depuis 2003, et ses Musiciens du Louvre ont eu mille occasions de montrer qu'ils étaient les interprètes idéaux pour donner une seconde vie à ce répertoire autrefois négligé, et ce magnifique CD ne viendra pas contredire leur suprématie dans ce domaine. Autant pour la vivacité des rythmes que pour le subtil dosage des alliages de timbre ou encore la savante construction des architectures sonores, l'orchestre brille de mille feux que la direction de Minkowski, moins hachée et saccadée qu'à une époque, sait également adoucir et atténuer. Une écoute dont on aura du mal à se lasser.

Contrairement au programme paru en 2005, purement instrumental, la fête est également vocale. Même s'il n'a pas les notes graves que l'on attendrait dans certaines des parties qu'il aborde, notamment celle d'Orcan dans Les Paladins, séduit par la beauté et la richesse de son timbre, par la variation de ses colorations ou encore l'onctueuse musicalité dont il sait parer ses phrases. Plus encore, on remarquera sa diction idéale ainsi que son sens aigu de la théâtralité, lequel lui permet de passer des frayeurs d'Anténor ou d'Orcan – on notera pour ce dernier la perfection du trille pour suggérer les tremblements du personnage – aux solennelles célébrations de Huascar ou aux affres de Pollux, déchiré par le conflit qui oppose le frère à l'amant. Maintenant que l'essentiel du répertoire ramiste est défriché, on espère vivement de nouvelles intégrales à même de réunir autant de beautés vocales et de splendeurs instrumentales.

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