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Embarquement immédiat pour Le Voyage dans la Lune avec le Palazzetto Bru Zane

On se précipitera sur cette première intégrale du second opéra-féerie de , créé en 1875 au Théâtre de la Gaîté.

Cela fait longtemps qu'à l'instar du Prince Caprice, le mélomane demandait lui aussi la Lune ! C'est désormais chose faite avec le voyage organisé par les imaginatifs Génération Opéra (ex Centre Français de Promotion Lyrique) et . Le mélomane, passeport en poche (un magnifique livre-disque de plus de la collection Opéra français), peut enfin goûter les charmes infinis de ce Voyage dans la Lune qui aura certainement été parmi les aventures les plus malmenées des deux années viciées que vient de subir le monde de la Culture. Montré à la presse dès l'hiver 2020 à l'Opéra Comédie de Montpellier dans une version raccourcie de 2h10 sans entracte qui embarquait à son bord une double distribution de jeunes chanteurs français, il aura fallu attendre l'hiver 2021, une fois la rampe de lancement activée à l'Opéra de Marseille, pour la mise à feu de la mirifique vision aux 23 tableaux d'Olivier Fredj. L'enregistrement planifié avait été mis en boîte à l'automne 2021, avec la première distribution (qui assura finalement toutes les représentations prévues) bien que l'on eût auparavant appris que la seconde distribution (Marie Perbost, Jeanne Crousaud, Jérôme Boutillier, Enguerrand de Hys…) avait davantage séduit ceux qui avaient eu le privilège d'entendre les deux.

Surfant sur les visions de Jules Verne (l'obus-fusée de De la Terre à la Lune pour l'aller, l'explosion volcanique de Voyage au centre de la Terre pour le retour) et s'éparpillant sur moult problématiques toujours en cours (le féminisme, le pouvoir des scientifiques et des médecins, le dialogue entre une Terre carburant à l'Amour et une Lune carrément asexuelle), le livret fantasque (qui narre aussi l'invention… du cidre !) de cet Offenbach tardif (six années avant Les Contes d'Hoffmann) n'est pas sans priver la partition du génie des Hélène, Orphée et autres Duchesse.

C'est à Montpellier, mais cette fois au Corum, que le a planté ses micros. Les subtilités des pupitres de l' et même du Chœur ne sont pas suffisamment mises en valeur par une prise de son un peu épaisse. Reste l'allant juvénile de qui dirige avec conviction cette musique qui aligne tout de même nombre de perles. tente de panser par un vibrant engagement (l'irrésistible Dans un obus qui fend l'air) le vibrato plus marâtre que princier d'un timbre qui ressuscite malgré lui un temps révolu. La Fantasia de Sheva Tehoval se révèle meilleure ambassadrice des talents prometteurs de notre temps. Le reste de l'équipage est à la hauteur de la mission. et ont le ton juste de Microscope et Cactus, les conseillers respectifs de Mathieu Lécroart et Thibault Desplantes, épatants rois d'opérette. Sont également du voyage les fines musiciennes que sont (Popotte) et (Flamma). virevolte comme il convient en Quipasseparla, dont l'accent belge se dissout dans le passage du parlé au chanté. L'expédition est même si copieuse en nombre (plusieurs chanteurs assurent plusieurs rôles) qu'elle réduit les interprètes du désopilant Chœur des Gardes, dont les noms ne figurent pas sur la liste des passagers, au statut de clandestins.

Jules Verne rendit hommage à en se rendant, en 1880, aux obsèques de celui qui, sans autorisation préalable, l'avait finalement immortalisé en musique. Juste avant qu'en 1902, un certain Georges Mélies ne fît de même, en embarquant les deux génies à bord de son voyage cinématographique : Le Voyage dans la Lune. Et avant qu'à son tour, en 2020, Olivier Fredj n'eût l'excellente idée d'inviter tout naturellement les trois génies à monter à bord de son trip scientifico-musico-cinématographique, intitulé lui aussi : Le Voyage dans la Lune !

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