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Gilbert-Marchand, duo de légende dans Giselle

C'est déjà une légende ! Dans le rôle de Giselle, actuellement repris par le Ballet de l'Opéra de Paris, déploie aux côtés d' toute la palette de son immense talent.

Récemment auréolée du prix de la meilleure interprète par le Syndicat professionnel de la Critique, est non seulement une exceptionnelle ballerine, mais aussi une parfaite comédienne. Elle en fait la démonstration dans le rôle de Giselle, où elle passe en quelques instants de l'ingénue espiègle et charmeuse à la folle désespérée. L'expression de son visage, les inflexions de ses bras sont déjà dans la légende. Techniquement aussi, elle surpasse toutes les danseuses par la perfection de ses équilibres, le moelleux de ses fouettés, la légèreté de son manège et de sa petite batterie. À ses côtés, est tout en complicité et contrition dans le rôle d'Albrecht, avec les qualités techniques, le ballon, la légèreté et l'élégance qu'on lui connaît.

Ballet en deux actes, Giselle offre dès les premiers instants du premier acte une plongée directe dans le pas de deux des amoureux, sans préliminaires ni divertissement parasites, permettant d'admirer la parfaite et immédiate entente des deux interprètes. Dans le pas de deux des vendangeurs, et Jacques Gasztowtt témoignent une fois de plus qu'ils sont de solides piliers de la compagnie, aussi à l'aise dans le contemporain (Pina Bausch, Anne Teresa de Keersmaeker) que dans le classique. Autour d'eux, mention spéciale aux amies de Giselle, particulièrement bien réglées, avec beaucoup de précision dans les ports de bras et les directions. Bravo à l'équipe de maîtres de ballet et aux répétiteurs invités pour cette production !

À l'acte deux, dans le rôle de Myrtha, la Reine des Willis, est hiératique comme il se doit. Aux côtés de et Inès MacIntosh, elle mène les Willis à la baguette dans un ensemble parfait. Là encore, le travail de corps de ballet est remarquable en tous points. En bouquet de six, elles accueillent leur nouvelle compagne dans ce royaume particulier où seules les vierges, mortes la veille de leur mariage, sont admises.

Tel Gérard Philipe dans le Prince de Hombourg au TNP, à l'époque de Jean Vilar, s'avance éploré, un gros bouquet de lys dans les bras. Insaisissable, le fantôme de la morte se dérobe à lui jusqu'à ce qu'il la soulève en un porté d'une incroyable légèreté.

Tout au long du spectacle, l'Orchestre de l'Opéra de Paris, sous la direction de , suit et accompagne les danseurs avec virtuosité. Le solo d'alto soutient la ballerine dans sa supplique pour sauver Albrecht d'une mort certaine, à laquelle flûte, clarinette et piccolo répondent. À la fin de la nuit, alors que les Willis vont devoir se retirer, laissant Albrecht à la vie, Giselle et le prince retrouvent la même bienveillance l'un vis-à-vis de l'autre que celle qu'ils se témoignaient au début du ballet. Une prouesse après deux heures intenses et riches en émotion et en danse…

Crédits photographiques : © Agathe Poupeney / Opéra national de Paris

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