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Fête de rentrée avec Cristian Măcelaru et l’Orchestre National de France

À peine renouvelé à son poste de directeur musical, emporte un « National » enflammé dans le concert d'ouverture de saison en compagnie du , du pianiste et de la soprano .


À l'image de son concert d'ouverture l'année passée, illumine cette rentrée à la tête d'un avec lequel il vient de signer le jour même sa prolongation jusqu'en 2027. Dans un programme presque intégralement français ne ressort d'étranger que le Concerto pour piano n° 2 de Prokofiev, évidemment interprété ce soir dans sa version révisée à Paris de 1923. Proposé après une Pavane de Fauré dans sa rare mouture avec choristes, qui permet dès l'introduction de profiter du , le concerto met en avant l'un des pianistes les plus passionnants de la scène actuelle.

Remarquable dès l'introduction de l'Andantino, laisse ensuite le chef stimuler l'orchestre avant de reprendre pour une très belle cadence, concentrée et jamais martelée, où le pianiste sud-coréen intéresse notamment par une utilisation très mesurée de la pédale. Le Scherzo, et plus encore l'Intermezzo, déploient la verve d'un National en grande forme, tant par la sonorité de ses cordes que par la qualité de timbres de ses vents, avant que le soliste ne redonne le tempo pour un finale trop modéré peinant à insuffler toute sa puissance à l'un des thèmes les plus sublime de Prokofiev. L'Allegro tempestoso retrouve dans les répétitions de ce thème par l'orchestre la ferveur des mouvements précédents, confortée par les derniers accords du tutti. Une standing ovation du public appelle un bis beaucoup plus calme : la Sarabande de la Suite n° 7 de Haendel.


Le retour d'entracte permet de redonner de l'importance au , pour l'occasion préparé par Christophe Grapperon et très sollicité dans un Gloria de Poulenc également exalté par Măcelaru. D'un geste fluide mais toujours net, le chef développe la partition commandée (comme celle de Messiaen jouée le même soir à la Philharmonie) par la Fondation Koussevitzky, en l'emportant vers une véritable modernité. Bien soutenue par la soprano, à la voix moins lumineuse que d'aucunes plus légères entendues dans l'ouvrage, la partie soliste trouve avec , pour sa première interprétation de l'œuvre, une matière et un chant contrôlés, qui portent avec pureté les complexes écarts de hauteurs, et rendent grâce aux magnifiques « Domine – Deus », superbement répétés ensuite avant l'Agneus Dei.

Là encore et particulièrement dans les derniers instants, l' déploie sa dynamique et de magnifiques couleurs, dans une inédite version de La Valse de Ravel. Emmenée par de surprenantes mesures de contrebasses à l'introduction, cette version critique est construite à partir de quatre manuscrits, d'esquisses retrouvées dans la collection de Roger Desormière ainsi que de notes de Munch et Boulez : une partition où Măcelaru semble se perdre quelque peu en l'abordant en son mitan comme une rhapsodie roumaine, avant d'enflammer superbement la coda.

Malgré les longs applaudissements d'une salle comble, comme à son habitude le chef n'a prévu aucun bis. Cette ouverture d'une saison déjà très prometteuse était enregistrée par France Musique et est donc disponible à la réécoute !

Crédits Photographiques : © Christophe Abramowitz / Radio France

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