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Olga Neuwirth part sur les traces d’Herman Melville

Une lecture de Moby Dick en 2005 engage la compositrice dans un long travail autour de l'œuvre d' (1819-1891) qui aboutira à la création de The Outcast en 2012 à Mannheim. L'opéra est présenté à la Philharmonie de Paris pour la première fois en France.


Pour cette création française, l' s'est associé avec l', la et le , tous placés sous la direction de .

Une scène peu éclairée, des pupitres, des musiciens habillés en noir, un chœur d'enfants entièrement grimés de gris clair, un chœur d'hommes en habits de marin anthracites et des solistes dans les mêmes teintes, des textes et des images projetés en noir et blanc : l'atmosphère est sombre tout comme le propos de l'opéra. En effet la compositrice entrelace la destinée tragique du capitaine Achab et de ses matelots à la recherche de la baleine blanche, Moby Dick, et celle du père d', ruiné suite à un krach boursier. L'ensemble de l'histoire est raconté par un narrateur campant le personnage du vieux Melville (excellent ). Des textes de Lautréamont, Lewis Caroll, , Edward Lear et Walt Whitman viennent densifier un propos déjà bien chargé rendant parfois la narration difficile à suivre.

On quitte alors vite le livret pour se concentrer sur la musique. Les jeunes musiciens de l' se fondent avec bonheur parmi les solistes aguerris de l'. Il y a très peu de passages uniquement instrumentaux dans cette œuvre où la voix, parlée ou chantée, est reine. sait mener les effets dramatiques et la musique se montre en parfaite cohérence avec le propos. La compositrice aime les ensembles, en particulier les chœurs, et ce sont les jeunes garçons du qui, tels un chœur antique, commentent l'action à intervalles réguliers. La compositrice n'hésite pas à puiser dans le jazz, la pop, les chants de marin traditionnels. Certains passages des chœurs d'enfants ne sont pas sans rappeler Britten même si l'on reste dans une esthétique contemporaine.

Outre la qualité de l'orchestre qui met en valeur toutes les finesses de la partition, la représentation de The Outcast est servie par un excellent parterre de solistes. Notons tout particulièrement la prestation de Susane Elmark dans le rôle d'Ishmaela, offrant un timbre large avec de beaux aigus et une très belle présente dramatique. campe un Queequeg plein de virtuosité et Otto Kaztmeier incarne de façon crédible un Ahab fatigué mais ne voulant pas renoncer à sa quête. Le chœur de marins interprété par les hommes de la aurait pu être moins en retrait. Les petits chanteurs du Münchner Knabechor sont acclamés comme il se doit, en particulier le jeune soliste qui interprète le personnage de Pip.

Crédits photographiques : © Claudia Hoene

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