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Lauréate de La Maestra 2022, Anna Sułkowska-Migoń dirige le Philharmonique de Varsovie

Premier Prix de La Maestra 2022 à la Philharmonie de Paris, la Polonaise reprend chez elle le Concerto pour piano de avec l'.


Dans la jolie Philharmonie nationale de Varsovie, la jeune cheffe gagnante du concours La Maestra 2022 dirige pour deux soirs la formation actuellement sous la direction musicale d'Andreï Boreïko. Elle débute son programme par l'Ouverture de concert Les Hébrides op. 26 de , dans laquelle de beaux élans alternent avec des moments trop abruptes, le geste droit d' ne masquant pas une approche encore un peu scolaire de cette partition romantique, malgré un coloré, dont se démarque la première clarinette puis la flûte solo à la coda.

Plus à l'aise pour accompagner le piano, la cheffe reprend ensuite en intégralité l'une des œuvres dont elle jouait le Finale en demi-finale du concours parisien. En trois mouvements, le Concerto pour piano op.7 de est l'une des pièces romantiques pour orchestre les plus intéressantes de la compositrice ; l'une des seules encouragées par son mari dans une époque encore très misogyne (la majeure partie de ses créations date d'après la mort de celui-ci). D'une vingtaine de minutes, l'œuvre dont on doit une très belle version à Brigitte Engerer profite de la dynamique de Sułkowska-Migoń, mais trouve un piano trop abrupt sous les doigts du pianiste , 4ème Prix ex-aequo du Concours Chopin 2021, qui avait eu lieu à Varsovie remporté par Bruce Liu. Sans grande sensibilité, son jeu d'une main droite prédominante peine à éclairer la partition, sans toucher dans la cadence, ni réussir à porter le Scherzo de la Sonate n°3 op.5 de Brahms offert en bis.

En seconde partie de soirée, un hommage est rendu au compositeur polonais , né il y a cent ans en 1922 et mort en 1981. Écrites entre 1963 et 1964, ses Freski symfoniczne (Fresques Symphoniques) mériteraient d'être jouées plus souvent, tant elles démontrent de la modernité de la part d'un artiste qui avait défendu la musique contemporaine dans sa patrie dès 1956, grâce à l'ambitieux festival Automne de Varsovie. D'un peu plus de dix minutes, les trois mouvements mobilisent un orchestre fourni auquel s'intègre de nombreuses percussions ainsi que deux pianos. Bien maintenu par le geste précis de la cheffe, l'ensemble avance sans tout à fait convaincre quant à la puissance des effets pouvant découler de cette partition.

De la même manière, la dernière pièce, Rapsodie espagnole de Ravel, présente un orchestre vif au son relativement ample, à nouveau emmené sans véritable lecture par Sułkowska-Migoń, dont la gestuelle quelque peu cassante n'est pas sans rappeler sa confrère lituanienne Mirga Gražinytė-Tyla. Prélude à la nuit montre la prédominance de la cheffe à se focaliser sur les premiers violons, tandis que ses gestes pourtant limpides pour les musiciens comme pour le public ne tiennent là encore pas parfaitement les équilibres. Les élans de Malagueña convainquent plus, avant que la Habanera ne se développe calmement avant de laisser plus de vigueur à la Feria conclusive, bien dynamisée dans ses thèmes hispaniques par les percussions, avec de remarquables interventions de la clarinette solo.

Crédits photographiques : © Jarosław Deluga

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