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Début d’un nouveau cycle Bach par Pygmalion

Reprenant la formule de Bach en 7 paroles, l' se lance dans un nouveau cycle de concerts autour du Cantor de Leipzig, Les Chemins de Bach. Première étape à la Cité de la Musique, sur le thème « Dynasties ».

Donner, dans un programme consacré au jeune et à la musique de ses prédécesseurs, la cantate BWV 106 « Gottes Zeit ist die allerbeste Zeit », l'une des premières dans l'ordre chronologique, est chose assez courante. Ces dernières années on l'a par exemple vu faire par Vox Luminisl'ensemble Correspondances, et déjà Pygmalion. Si l'on en croit le programme de salle, l'intention première de n'était pas de placer ce joyaux à la fin du concert, pas plus que ce dernier ne devait s'ouvrir par le Magnificat a 6 de , mais c'est le choix qui a été fait in fine. Ainsi charpenté, le programme dessine un parcours limpide et raconte une histoire assez (peut-être trop) simple : de l'Italie (on jurerait être à Venise avec l'œuvre de Praetorius) à , en passant par ce XVIIe siècle d'Allemagne du Nord tout imprégné de piété luthérienne. L'originalité réside plutôt dans le choix d'œuvres tirées de l'arbre généalogique Bach, et de deux autres contemporains peu joués, Weckmann et Erlebach, à côté des deux Praetorius.

Autre originalité, un continuo d'une grande richesse (orgue positif, clavecin, basson, harpe, théorbe, violoncelle), et quatre trombones accompagnés de deux cornets à bouquin, qui donnent de la puissance à l'ensemble et des couleurs toutes italiennes. La variété des instruments multiplie celle des partitions, et contribue à balayer, s'il en était besoin, l'image d'une musique allemande du XVIIe siècle austère et rébarbative. Certes, les textes sont tous à caractère religieux, et l'expression n'a rien de démonstratif, mais quelle sensibilité et quelle force d'évocation se dégagent de cette musique !

Les instrumentistes comme les chanteurs de Pygmalion sont irréprochables. Les solistes, principalement masculins ce soir, habitent leur texte et parviennent tous à se projeter dans le vaste espace de la Salle des concerts. Tant de superbes moments nous sont offerts qu'il est bien difficile d'en distinguer l'un plus qu'un autre. Citons tout de même les motets Himmel, du weisst meine Plagen de , dans lequel atteint des sommets, et Unser Leben währet siebenzig Jahr de , où la voix de contre-ténor de tantôt se mêle au chœur tantôt s'en détache, dans un moment poignant, recueilli et lumineux tout à la fois.

Seul minuscule regret : la cantate BWV 106, bien que maîtrisée, est prise à un train d'enfer. Les différentes parties en sont bien dessinées, et les solos bien habités, mais on aimerait tant prendre le temps de profiter davantage de ces superbes pages. Cela n'altère pas cependant l'excellente impression laissée par la soirée. Le deuxième concert du cycle est prévu en février : on a hâte !

Crédits photographiques : © Piergab

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