- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Un oratorio de Noël imaginaire par l’ensemble Clematis

On en rêvait, Clematis l'a fait : reconstituer une histoire de la Nativité à partir de chorals et de motets allemands de divers compositeurs du XVIIᵉ siècle, dans la lignée de Schütz. Une célébration festive aux couleurs chatoyantes.

Ce programme original illustre la fusion entre la tradition polyphonique luthérienne et les influences madrigalistiques italiennes, qui colorent le discours et le théâtralisent, donnant une place importante aux instruments mêlés aux voix. Le premier compositeur représenté ici est Andreas Hammerschmidt, que Clematis a déjà admirablement défendu dans plusieurs enregistrements chez le même label Ricercar, dont un avec l'ensemble Vox Luminis. Une grande partie des compositions de ce programme de Noël sont issues du riche manuscrit Düben, aujourd'hui conservé à Uppsala, source incontournable pour le répertoire luthérien mâtiné d'italianismes. Parma les compositeurs, citons Tunder, Selle, Pohle, Bernhard, Flor, Hammerschmidt et, bien sûr, Schütz. Le programme déroule toute l'histoire de la Nativité, depuis l'Annonciation jusqu'à la Présentation au Temple, en passant par l'adoration des bergers et la visite des rois-mages. Les traditionnels chorals de Noël servent ainsi de trame à l'histoire sacrée, sur fond de guirlandes instrumentales.

Les cinq excellents chanteurs de Clematis dialoguent avec un instrumentarium somptueux, auquel les vents de Jérémie Papasergio et Elsa Frank apportent une couleur toute particulière. Tournebouts, bombarde, cervelas et chalemies nous viennent directement de la fin de la Renaissance, décrits dans le traité de Michael Praetorius (Syntagma Musicum) dont le choral Puer natus in Bethlehem est ici accompagné par un quatuor de crumhorns (tournebouts) dans une progression du plus bel effet. La voix de la soprano fait merveille dans le rôle de Marie face à l'ange Gabriel () dans la scène de l'Annonciation d'Hammerschmidt. A noter également la prestation du contre-ténor , déjà remarqué avec Clematis, particulièrement touchant dans Ein kleines Kinderlein de Franz Tunder. Et la basse profonde de dans le rôle de Joseph du motet Mein Sohn, warum hast du uns getan d'Hammerschmidt. Particulièrement théâtral est le motet O bone Jesu de Schütz, ainsi que Nascitur Immanuel de son disciple David Pohle, véritable petite cantate où alternent sinfonias, airs et choeurs. Le programme, magnifiquement construit par Jérôme Lejeune, se conclut par un choral final de Johann Christoph Bach, où les violons de Stéphanie de Failly et Florence Malgoire entremêlent leurs guirlandes aux clochettes festives du Zymbelstern.

(Visited 524 times, 1 visits today)