Ayelen Parolin revient à Chaillot, après WEG la saison passée, avec SIMPLE, une proposition colorée et vivifiante, pleine d'humour et de références plus ou moins savantes à la danse et aux arts plastiques pour une heure de performance savoureuse et légère.
Le plateau est vide, prêt à accueillir les trois danseurs athlétiques de la dernière pièce d'Ayelen Parolin. Une toile de fond colorée représente des rayures de couleurs vives, grossièrement pixelisées. Les interprètes sont vêtus de la tête au pied d'une combinaison inspirée de paysages à la Monet, ici dans des teintes pastels, couleur chair tachée de vert, de bleu ou d'orange. Les costumes rappellent ceux de Cunningham, dont les danseurs empruntent par moment la gestuelle dans ce show joyeux et intelligent.
Les trois performeurs, juchés la plupart du temps sur des demies pointes – à la manière des danseurs de Sharon Eyal – évoluent dans l'espace en dessinant une chorégraphie géométrique. Ayelen Parolin crée ici comme une danse paysage peinte par Kandinsky ou imaginée par une Anne Teresa de Keersmaeker sous acide. Des pas de danse classique affleurent et des grimaces et des expressions du visage à la Marlene Monteiro Freitas désarçonnent le public. Les danseurs frappent le sol avec frénésie tout en se laissant voir comme d'innocents félins semblant se découvrir les uns les autres et comme surpris par leurs propres propositions.
Ayelen Parolin, qui avait accompagné sa dernière pièce des sonorités d'un piano arrangé, lance ici ses trois interprètes dans un silence habité d'où s'échappent des coups de pieds, des coups de bâton, quelques chansons murmurées ou le souffle des danseurs. Un spectacle dont le programme cite Clément Rosset et Bergson ne peut être que prometteur et, de fait, la salle se délecte de tant de finesse, d'humour érudit et de situations délicates, elle rit et adhère complètement à la proposition. Les gestes dansés s'offrent souvent comme des élans, une énergie vitale sans cesse renouvelée, faite d'une multitude de petites impulsions dont l'ensemble laisse dans l'esprit comme une allégresse.
Crédits photographiques : © François Declercq