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Konstatin Krimmel et Hélène Grimaud dans Silvestrov

Konstatin Krimmel et magnifient l'esprit des poèmes mis en musique par .

On connait la fuite récente de Silvestrov de son Ukraine natale vers l'Allemagne devant la guerre qui la ravage sauvagement. Moins connu en France qu'en Allemagne, l'œuvre de Silvestrov est vaste et s'inscrit dans divers champs esthétiques allant de la modernité de ses débuts vers une sorte de postromantisme inspiré pour aboutir enfin à un langage personnel empli d'humanisme et d'universalité.

Le programme nous propose une sélection de douze chansons tirées du cycle Chants silencieux initialement élaboré entre 1974 et 1977. Silvestrov s'appuie d'une part sur plusieurs poètes russes classiques dont, depuis des décennies, il s'est intimement imprégné. Il s'agit d'Alexandre Pouchkine, Michel Lermontov, Théodore Tyutchev, Eugène Baratynsky, Zhukovsky, Yesenin et Joseph Mandelstam. Un poète ukrainien Taras Schevchenko (Chevtchenko) est également retenu et chanté dans sa langue maternelle. La curiosité intellectuelle de Silvestrov le conduit à mettre aussi en musique les romantiques anglais, John Keats et Percy Bysshe Shelley (traduits en russe).

C'est à l'occasion de l'enregistrement de cet album au cours de l'été 2022, qu' rencontra pour la première fois l'immense compositeur âgé de 85 ans contraint de fuir vers la liberté, Berlin, en mars de la même année. Par ailleurs, la pianiste a aussi gravé récemment (2020) avec beaucoup de sensibilité et de pénétration quelques pièces pour piano seul de Silvestrov, chez Deutsche Grammophon également.

Force est de reconnaître que l'interprétation inspirée de l'excellent baryton allemand Konstantin Krimmel, merveilleusement accompagné par , vient compléter avec une profondeur et un sens dramatique aiguisé, les messages, sous-jacents ou explicites, des poèmes défendus.

Le cycle s'apparente à une longue et sereine berceuse s'appuyant sur des rythmes lents présentant relativement peu de variations notables. Ce manque relatif de contrastes se trouve atténué par le charme vocal de Krimmel dont l'amplitude, le timbre, la sensibilité et le naturel embellissent sensiblement la portée des textes et l'impact émotionnel sur l'auditeur. Le chant du baryton bénéficie de l'apport précieux d'un piano touché avec raffinement et pudeur. Cet enregistrement offre un regard complémentaire attachant pour affiner notre approche du compositeur.

Enregistrer des chansons de est assurément une belle initiative. Mais priver l'acquéreur de texte de présentation en français et de traductions des poèmes mis en musique nous paraît inacceptable de la part d'un label discographique aussi prestigieux que Deutsche Grammophon.

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