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Dans un pétillant récital d’opérette, Diana Damrau fait tourner la tête

Très belle sélection de pages d'opérettes de Vienne à Paris peu enregistrées, enlevées par une très investie sur le plan dramatique.

On saluera avec enthousiasme la parution de ce beau CD, qui a surtout l'avantage de faire connaître des airs d'opérette relativement peu enregistrés. C'est en effet tout un répertoire d'œuvres dites légères qu'il convient aujourd'hui d'exhumer, car elles présentent un intérêt certes littéraire et musical, mais également civilisationnel et sociologique. Rien de plus parlant, pour comprendre et définir une tranche de notre vie culturelle, que de se pencher sur les ouvrages qui relèvent du loisir et du divertissement. Le , à qui l'on doit récemment la redécouverte d'œuvres oubliées et méconnues de Hahn et de Messager, sans compter de multiples parutions à venir, ne s'y est pas trompée.

C'est aujourd'hui au tour de , soprano chérie du public, de proposer sa propre sélection d'airs extraits d'ouvrages allemands, autrichiens et français. On reconnaîtra quelques grands classiques déjà proposés autrefois par d'autres sopranos – Elisabeth Schwarzkopf, Lucia Popp, Barbara Hendricks et bien d'autres – soucieuses de se divertir et de s'encanailler le temps d'un enregistrement. « Im Chambre séparée », « Du sollst der Kaiser meiner Seele sein » font partie de ces grands tubes de ce répertoire, même si l'on ne sait pas toujours les identifier ou les contextualiser avec exactitude. Certains noms reviennent plus souvent que d'autres au cours de ce programme, notamment Lehár ou Messager, mais ce ne sont pas forcément des extraits des œuvres les plus célèbres qui sont proposés ici. Connaît-on vraiment Eva, ou Zigeunerliebe, même si Paganini et Friederike ont fait autrefois l'objet d'enregistrements de référence ? De même, Monsieur Beaucaire et L'Amour masqué gagneraient à être réentendus en intégrale… On ne compte pas les fascinantes curiosités qui composent le programme de ce disque.

À toutes ces pages, choisies avec soin avec l'aide de sa collègue et spécialiste , confère une énergie inépuisable et un enthousiasme littéralement débordant. On trouve quelques véritables moments de grâce comme le très beau « Warum hast du mich wachgeküsst » de Friederike ou le « Wo die wilde Rose erblüht » du très rare Das Spitzentuch der Königin, en compagnie des comparses et . Cerise sur le gâteau, trois duos plutôt canailles avec , d'un indéniable sex-appeal. Dans le dernier extrait du CD, le célèbre « Ich bin eine Frau, die weiß was sie will » autrefois immortalisé par Fritzi Massary, Diana Damrau est tout simplement inégalable : à la fois pimpante, coquette, drôle et diablement ironique dans une incarnation très second degré d'un personnage parfaitement insupportable…Sans doute en fait-elle un peu trop dans certaines pages, notamment les airs français où l'on attendrait davantage de sobriété. Que l'on compare son « J'ai deux amants » avec celui de Lea Desandre, récemment enregistré ! On pourra également redire au français pas toujours intelligible de la soprano allemande, ce qui dessert, par exemple, l'inénarrable « Bien chapeautée » extrait de Phi-Phi. On se prend à rêver à ce qu'une Patricia Petibon aurait su en tirer. Il est difficile également de passer sous silence l'usure des moyens, manifestée par une aigreur inhabituelle du timbre, des aigus instables et des attaques en dureté. La comparaison, dans les mêmes airs, avec le legato ensorcelant de Popp ou Schwarzkopf, voire également Anna Moffo ou Yvonne Kenny, est parfois douloureuse pour l'oreille.

Soulignons l'excellente participation, sous la baguette de , du Münchner Rundfunkorchester, même si l'on a du mal à comprendre pourquoi il n'a pas été jugé utile d'engager un chœur pour accompagner le sublime « Rossignol, tout comme autrefois » tiré de Monsieur Beaucaire.

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