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La Pastorale minimaliste de Daniele Ninarello déroute et interroge

A force de minimalisme, le chorégraphe italien perd une partie de son public avec sa Pastorale pour quatre danseurs.

Bien étrange spectacle que celui donné par la compagnie dans la coupole du Théâtre de la Ville Paris. Sur une scène dénudée, avec pour seule accroche visuelle, une grand rectangle doré suspendu, cinq danseurs, en tenue de ville, se déplacent, de manière improvisée et sans logique au premier abord. Puis, petit à petit, alors que l'œil se fait plus perçant pour tenter de comprendre ce qu'il est en train de regarder et que l'oreille tente de s'accoutumer à l'environnement sonore lancinant et rugueux de , on perçoit la similitude d'un geste, un saut esquissé un moment plus tôt par une autre danseuse, un semblant de logique dans les déplacements.

Le chorégraphe italien ne donne pas beaucoup de clés aux spectateurs qui doivent faire preuve d'une grande abnégation pour se contenter d'un minimalisme extrême et souvent déroutant. L'inspiration première de Ninarello pour cette pièce est née de sa fascination pour un tableau énigmatique de Paul Klee, nommé Pastorale (Rhythms), que le chorégraphe a découvert au MOMA, à New-York. New-York où sont nées les approches chorégraphiques répétitives de Trisha Brown, Lucinda Childs ou Merce Cunningham, tout comme la musique minimaliste, évidentes sources d'inspiration pour le chorégraphe comme pour le compositeur du spectacle.

Au plateau, les mouvements se font progressivement plus amples, les quatre danseurs s'éloignent et se rapprochent régulièrement, sans jamais se toucher, mais en interagissant avec les mouvements de l'autre, semble-il, de manière très subtile. Les gestes semblent se propager d'un danseur à l'autre, de manière imperceptible, alors que la lumière projetée sur le fond doré passe du noir complet à la pénombre, jusqu'à l'éblouissement. Si une certaine fascination peut naître de ces mouvements simples et sans but apparent, il est toutefois difficile de complètement adhérer à la proposition de Ninarello tant elle est radicale.

Crédit photographique : © Luca Del Pia

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