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A la découverte de l’opéra Savitri de Gustav Holst

Nouvel enregistrement d'un petit joyau de l'opéra anglais, étonnamment peu connu en France. Après les classiques que sont en Angleterre les albums dirigés par Imogen Holst et Richard Hickox, la prestation de et l'ensemble n'aura aucun mal à trouver ses marques.

On ne pourra pas dire que le 150e anniversaire de la naissance de ait été célébré en France avec tout le retentissement qu'il aurait dû susciter. Connu essentiellement de par le monde pour sa suite orchestrale The Planets, le compositeur britannique est pourtant l'auteur d'une très abondante musique vocale, très prisée en Angleterre par les nombreuses « choral societies » qui maillent le territoire.

Des quatre opéras de Holst, Savitri est sans doute celui qu'on entend le plus fréquemment, même si son format réduit d'opéra de chambre ne le destine pas aux grandes scènes internationales. Composé en 1908 pour douze instrumentistes, trois solistes et un chœur de femmes, il est souvent donné par des troupes d'opéra amateures ou des sociétés de musique de chambre, ce qui n'enlève rien à ses nombreuses qualités, autant littéraires et dramatiques que musicales. Le livret, que l'on doit au compositeur lui-même, est inspiré d'un épisode du Mahâbhârata, cette épopée sanskrite dans laquelle est racontée la légende du couple Savitri et Satyavan. Apprenant par une prophétie que son jeune époux doit mourir, Savitri parvient à le sauver suite à ses échanges avec le personnage allégorique de La Mort, découvrant par ce geste que même la mort est une illusion. Sur ce texte parfois un peu obscur, dont la fille du compositeur Imogen, avait raconté dans ses écrits la difficile genèse, Holst a conçu une remarquable musique, délicatement orchestrée et à laquelle le chœur de femmes prête des couleurs planantes qui en font un joyau du courant hindouiste qui traversa l'Angleterre du tournant du vingtième siècle, et dont Holst ainsi que son collègues Cyril Scott était un des fers de lance. Le programme de ce CD est complété par diverses mélodies de Holst, dont les Four Songs for Voice and Violin Op 35 ainsi que des extraits des Humbert Wolfe Songs Op 48 et Vedic Hymns Op 24, dans l'orchestration du chef d'orchestre maître d'œuvre de cet enregistrement, .

Même si elle ne contient pas les grands noms des précédents enregistrements – Janet Baker, Robert Tear et Thomas Hemsley pour la version dirigée par Imogen Holst, Felicity Palmer, Philip Langridge et Steven Varcoe pour celle Hickox –, la distribution réunie sur ce CD est de la meilleure qualité. La cantatrice norvégienne Siri Karoline Thornhill prête au rôle de Savitri un soprano clair, cristallin et presque désincarné, qui convient idéalement à un personnage dont elle fait une émanation spirituelle digne d'une cantate de Bach. Le ténor allemand , lui aussi spécialiste de Bach, n'a rien à envier à ses homologues anglais pour ce qui est de la qualité de la diction ou de la couleur vocale. Le baryton complète une distribution sans faute et sans faiblesse, à laquelle les douze instrumentistes du et les seize chanteuses du prêtent leur concours expert et avisé. , chef d'orchestre et orchestrateur des mélodies interprétées par le ténor et le baryton, insuffle toute son énergie et sa passion dans une entreprise fort louable, qui donne grande envie de mieux connaître l'œuvre vocale d'un compositeur majeur du début du vingtième siècle, bizarrement négligé par nos programmateurs.

Dans quelques années nous célébrerons le centenaire de la mort de . Espérons que ce compositeur sera un peu mieux mis à l'honneur en France.

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