Soirée de fête à l'Opéra Berlioz de Montpellier avec le dyptique vériste de Pietro Mascagni et Ruggero Leoncavallo, présenté dans la mise en scène judicieusement revisitée par Silvia Paoli.
Pour l'ouverture de sa saison lyrique 2025-2026, l'Opéra Orchestre national Montpellier Occitanie propose l'impressionnante production des deux courts opéras de Pietro Mascagni et Ruggero Leoncavallo, vus par Silvia Paoli. Donnée l'année dernière par l'Opéra de Toulon avec une distribution en partie différente, la mise en scène, fortement axée sur la question sociale et jetant opportunément des passerelles entre les deux œuvres, avait été décrite dans notre article. Nous ne reviendrons pas dessus. Rappelons tout de même que les décors rappellent ceux d'un quartier de banlieue défavorisée où le drame plane, une espèce de West Side Story avant l'heure. L'action prend ainsi une force particulière et chacun contribue aux ambiances, lourdes et passionnées.
La distribution montpelliéraine regroupe des voix de grande intensité émotionnelle. Très attendue était la prise du rôle-titre de Santuzza dans Cavalleria rusticana par Marie-Andrée Bouchard-Lesieur. La jeune mezzo-soprano s'affirme ici magnifiquement dans ce rôle difficile de femme meurtrie, portée par une voix projetant toute la détresse et l'émotion que réclame son personnage. Son amoureux Turridi est tenu avec douleur et force par le ténor Azer Zada, également Canio dans Pagliacci et son rival Alfio est chanté par l'impressionnante voix de basse de Tomasz Kumiega, qu'on retrouve en Tonio dans le second opéra. D'autres artistes très convaincants complètent ce plateau de choix : Julie Pastouraud dans le rôle de Lucia, Maciej Kwasnikowski en Beppe, Galina Cheplakova en Nedda ou encore Leon Kim dans le rôle de Silvio, se répartissent tour à tour dans les deux opéras de la soirée. Une comédienne, Giusi Merli, campe la vielle dame, personnage silencieux reliant subtilement les deux œuvres.
L'acoustique de la salle Berlioz du Corum de Montpellier, toujours favorable, permet une très belle projection sonore de l'orchestre en fosse. Un grand équilibre, depuis les sons les plus ténus jusqu'aux fortissimos, se déploie à l'orchestre, en harmonie avec les voix, ainsi qu'un double chœur d'une présence et d'un relief remarquables. Yoel Gamzou dirige avec brio protagonistes et musiciens pour ce beau spectacle de rentrée.
Crédit photographique : © Marc Ginot OONM
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