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Un Messie rétro

Festival de Saint-Céré et du Haut Quercy

Ce Messie est une récompense, celle de quelques centaines de choristes amateurs venus de toute la France, voire d'Europe, pour participer au stage de chant choral de Martel. A l'issue de plusieurs semaines de répétition, ils sont fins prêts pour interpréter l'œuvre choisie devant le public du Festival de Saint-Céré.

Anniversaire Mozart oblige, c'est sa version réorchestrée en 1789 de l'œuvre de Haendel qui a été programmée. Disons le tout net, elle n'y apporte pas grand chose. Mozart travailla essentiellement sur les vents, introduisant entre autres des clarinettes, des parties de flûtes, cors et trombones, rendant ainsi inutile l'orgue de basse continue. On aime de nos jours un Haendel dégraissé, sec, vif : le travail de Mozart tire au contraire ce Messie vers le goût de la fin du XVIIIe, voire du XIXe siècle, et se rapproche des interprétations que l'on en donnait dans les années 70, avant le déferlement de la vague baroque.

C'est d'ailleurs de cette façon que le dirige le chef , calme, grosse et grandiose artillerie. Il ne pouvait guère faire autrement, avec cette orchestration, un chœur étoffé d'entre cent et deux-cent personnes, et l'acoustique calamiteuse de la Cathédrale de Cahors. Nous ne sommes donc pas surpris, en terrain connu, celui des bons vieux Messie d'antan, qu'on trouve maintenant démodés, un peu trop boursouflés. La seule chose qui frappe vraiment dans cette version Mozart est l'utilisation de la langue allemande, qui déplace les accentuations sur d'autres mots que ceux que nous avons l'habitude d'entendre.

Le chœur a les défauts de tout chœur amateur, même les meilleurs, faiblesse du pupitre de ténor, manque d'homogénéité dans les passages piano à découvert. Cela n'a aucune importance, car ce n'est pas la perfection de la prestation qui importe, mais le bonheur de chanter, ensemble, et du mieux possible, cette partition durement travaillée pendant tout le stage.

Les solistes sont tout bonnement excellents. sonne aérienne, angélique, est toujours aussi évident, aussi clair, aussi facile, la mezzo a un fort joli timbre. Le ténor chante curieusement le « Rejoice » ordinairement dévolu à la soprano, mais on ne s'en plaindra pas, tant la vocalise est déliée et le style châtié. La projection est également impeccable, c'est le seul avec dont la voix ne sorte pas trop en bouillie de l'acoustique détestable de la Cathédrale.

C'est sur ce concert que nous quittons le délicieux Festival de Saint-Céré, une manifestation conviviale, loin de tout snobisme, de tout star-system, animé par une équipe quasi-familiale et un directeur charismatique.

Crédit photographique : © DR

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