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Le chef-d’œuvre de Poulenc magnifié par Carsen

Proposer une production de par saison est presque une tradition au Vlaamse Opera.

La collaboration entre l'institution flamande et le metteur en scène canadien compte déjà de nombreuses réussites tels que les cycles Janáček et Puccini. Cette production (ici une reprise) des Dialogues des Carmélites s'ajoute indéniablement à ces grands moments d'opéra, le travail de Carsen s'accordant subtilement à la lumineuse musique de . A l'image de la vie de ces Carmélites consacrées à la prière, les différents tableaux traduisent une élégante austérité. Sur scène, une foule oppressante annonce le drame à venir avant même les premières mesures de l'orchestre. Les mouvements de cette foule vont permettre de subtils changements de décors, transformant l'ensemble du plateau sur un simple passage de cour à jardin. Carsen choisi ici de ne pas faire appel à de lourds décors construits : ce sont les individus et les objets qui structurent eux-mêmes l'espace. L'absence de décors suspendus aux cintres permet alors de révéler toute la hauteur de la cage de scène. Cet appel visuel vers le ciel constitue une approche esthétique très intéressante dans le cadre de cette œuvre, mais se montre également redoutable vis-à-vis des chanteurs. Ce large volume dégagé ayant tendance à engloutir les voix.

La distribution est homogène et compte de nombreux chanteurs francophones. Celle-ci est dominée par la prestation de , Blanche aux aigus stables et clairs. Son personnage manque peut-être encore de profondeur, de complexité, mais la chanteuse se montre très musicale et captive tout au long de la pièce. apporte quant à elle toute la fraicheur et la spontanéité caractérisant le rôle de Sœur Constance. La prieure chantée par , montre beaucoup plus de difficultés à projeter sa voix, couchée sur son lit, sa voix se perdant dans les cintres. Le chef d'orchestre peu soucieux du confort de ses chanteurs n'a pas jugé intéressant d'attirer l'attention de ses musiciens sur les piani de la partition… Les voix masculines sont également intéressantes. Christian Tréguier offre un chant proprement articulé mais communique mal avec l'orchestre. On peut retrouver cette même faiblesse chez , Chevalier de la Force à la diction moins rigoureuse, mais au timbre chaud et puissant.

La seule réelle déception de ce spectacle aura été la direction rigide de Casadesus. Les sonorités de l'orchestre manquent souvent de relief et de rondeur, malgré l'acoustique de la salle, flatteuse pour l'ensemble. Les musiciens du Vlaamse Opera sont visiblement appliqués mais la partition met en évidence les faiblesses des cuivres (les cornistes principalement) qui dérapent sur quelques attaques. On aura également perçu un splendide faux-départ d'une harpe distraite à l'acte III, au contraire d'un pupitre de cordes homogène et discipliné tout au long de la performance.

Nous garderons une image très positive de ce spectacle porté par l'excellent travail de mise en scène signé Carsen.

Crédit photographique : © Annemie Augustijns

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