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Christophe Rousset baroque maigrelet

Requiem ()

Ultime concert de ce 26e Festival International d'Opéra Baroque de Beaune, la basilique reçoit de pour un concert spirituel principalement dédié à .

Si comparaison n'est pas raison, il faut néanmoins relever que la musique présentée par à la tête de ses Talens Lyriques n'a rien de celle jubilatoire que Le Cercle de l'Harmonie de Jérémie Rhorer présentait le soir précédent. Certes l'amour divin n'est pas celui des humains. Dieu n'est pas Eurydice. Mais pour autant doit-on vraiment intellectualiser la musique à ce point pour qu'elle apparaisse d'inspiration divine ? Et intellectualiser veut-il dire ciseler la musique pour en entendre chacun des instruments comme s'il était un soliste ? Alors qu'une messe des morts est le chant de la tristesse des vivants pour l'être disparu et l'élévation de son âme vers la rédemption divine, ce qu'en donne est une lecture savante et universitaire de versets liturgiques. Tout en lui reconnaissant une direction d'une précision horlogère, il nous offre un ensemble orchestral dans une musique bien maigrelette.

De leur côté, les solistes jouent le jeu s'échappant autant que faire se peut au carcan imposé par Christophe Rousset. Ainsi, les individualités de chacun s'expriment en dépit de la musique ambiante. Au premier chef, la basse britannique raconte ce qu'il chante. Même s'il démontre quelques hésitations dans le registre aigu de son instrument, son investissement spirituel le porte vers l'authenticité. De même, le ténor se montre très à l'aise. Même si au début de son intervention quelques notes semblaient résonner dans les nasales, il reste l'un des meilleurs interprètes de cette soirée. La voix claire, des aigus éclatants, une technique vocale très bien en place, on regrettera peut-être d'entendre une voix aussi éblouissante confinée dans le registre de la musique baroque alors que ses quelques apparitions dans l'opéra classique lui ouvrait une carrière certainement plus spectaculaire que dans le diapason 415 Hertz qui, aujourd'hui, se repaît de contre-ténors plus excités que musiciens. Du côté féminin, la soprano surprend agréablement avec l'étrangeté du son de sa belle voix au vibrato rapide.

Si les autres pièces au programme de cette soirée n'ont rien apporté d'autres à la déception de votre serviteur il est à noter que le Chœur Les Eléments s'est avèré nettement plus à l'aise ici que dans l'Orphée et Eurydice du jour précédent. La diction semble plus claire, les interventions plus franches. Est-ce la langue latine, une adéquation plus ressentie au texte ou une meilleure forme du moment ? Difficile de se prononcer.

Crédit photographique : photo © Eric Larrayadieu

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