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Bon anniversaire, Hugo Wolf !

Les Lieder réunis sur cet enregistrement manifestement destiné à célébrer le cent-cinquantenaire de la naissance d' ne constituent pas une intégrale à proprement parler, mais ils peuvent néanmoins s'entendre comme une anthologie assez complète du chant wolfien de ces cinquante dernières années.

EMI Classics, dont le patrimoine dans ce domaine est considérable, a en effet délibérément écarté de ces volumes les gravures historiques qui auraient permis de faire entendre les grands interprètes du passé, les Elena Gerhardt, Elisabeth Schumann, Hans Hotter, Gerhard Hüsch, Irmgard Seefried, Heinrich Schlusnus, etc. Le parti pris de la firme discographique étant de démarrer l'anthologie avec l'avènement de la prise de son stéréo, les captations les plus anciennes remontent ainsi aux années de la maturité d' et de , tous deux longtemps considérés, ainsi que le piano de , comme les modèles absolus d'un chant demandant à la fois simplicité et sophistication. Schwarzkopf, à qui échoient les « tubes » les plus connus, s'en sort plutôt mieux, et on reste émerveillé devant ses mille couleurs vocales et sa diction impeccable. Fischer-Dieskau, en revanche, à qui on a laissé dans ce coffret les Lieder non enregistrés par les barytons de la (plus) jeune génération, semble peu concerné par ce qu'il interprète, et son chant, comme beaucoup de ses enregistrements du début des années 1960, est souvent à la limite de l'aboiement.

Il est intéressant justement d'examiner comment se situent les plus jeunes chanteurs par rapport à de telles références. Chez les dames, les timbres frais de et de , ainsi que le magnifique mezzo de , capté ici dans ses plus belles années, n'échappent pas toujours, dans leur souci de « sur-colorer » leur timbre, à la minauderie. , stylistiquement et musicalement d'une grande probité et d'une parfaite sobriété, échappe entièrement à ce défaut, mais sa prestation paraît de temps à autres un rien ennuyeuse et linéaire. quant à lui montre un engagement sans faille, ainsi qu'une belle matière vocale.

De façon assez inattendue, ce sont nos amis anglais qui sortent vainqueurs d'une inévitable comparaison, et cela malgré le fait qu'ils se situent tous deux dans des directions opposées. , superbement accompagné par , déploie dans son chant des trésors de subtilité et de raffinement qui ne cessent d'ouvrir et de susciter l'imaginaire de l'auditeur. Fascinant ! , de son côté, cultive la simplicité de la ligne vocale afin d'emmener l'auditeur vers son jardin intérieur. On pourra ainsi se précipiter sur un An eine Äolsharfe d'anthologie ! Ne serait-ce que pour ces deux maîtres, ce coffret à petit prix mérite largement qu'on s'y intéresse.

Du côté des pianistes, frappe parfois par son accompagnement un rien martial, et , plus présents, donnant davantage dans l'évocation poétique de l'univers wolfien.

Un très intéressant coffret, qui devrait maintenant être complété par une compilation des grands enregistrements de l'ère du son mono.

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