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Déception vocale pour le Così par René Jacobs

À quelques jours de la sortie attendue d'un nouvel enregistrement de La Flûte Enchantée (opéra qu'il a donné en concert dans cette même Salle Pleyel en 2009), reprenait le premier opéra de Mozart qu'il a abordé, Così fan tutte. Il convoquait pour l'occasion un plateau artistique entièrement nouveau par rapport à la version publiée en 1999, mais des artistes avec qui il collabore régulièrement ces dernières années, que ce soit au concert ou au disque.

La grande satisfaction de ce concert provient de la direction imaginative et théâtrale du chef flamand qui soutient l'intérêt du début à la fin, aidé en cela par la qualité des pupitres du (les bois en particulier, somptueux). Les récitatifs sont une nouvelle fois accompagnés (et improvisés) au pianoforte (Sebastian Wienand), auquel s'adjoint le premier violoncelle, le continuo occupant comme toujours chez Jacobs, une place fondamentale (tout comme l'ornementation des airs). On reste par contre plus nuancé sur la distribution vocale. Sortent du lot néanmoins, le cynique et manipulateur Don Alfonso de et dans une moindre mesure, sa complice, la malicieuse Despina, interprétée par , une relative petite voix. est une Dorabella convaincante, surtout dans ses airs, , diminuée ce soir, campant une Fiordiligi touchante à défaut d'être impeccable vocalement, notamment dans les registres extrêmes. est un Guglielmo correct, manquant quant à lui de style et semblant en difficulté dans le rôle de Ferrando. Ces jeunes chanteurs ont malheureusement du mal à rendre toute la beauté et la subtilité des ensembles (allant du duo au sextuor) qui font pourtant la force de l'ouvrage : imprécisions, manque d'équilibre entre les voix… On reste sur sa faim. Belle prestation par contre du Chœur de la Fondation Gulbenkian en formation très réduite (seize chanteurs).

a par ailleurs la bonne idée de proposer non pas une version de concert statique, mais une version mise en espace fort bienvenue qui participe à la crédibilité de cette œuvre à la fois légère et grave. Les chanteurs évoluent autour de l'orchestre, faisant preuve de qualités scéniques indéniables, à l'image de , Despina à l'abattage irrésistible.

Crédit photographique : © Alvaro Yanez – Harmonia Mundi

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