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La magie d’Alcina opère toujours

A la Staastoper de Vienne comme au Théâtre des Champs-Elysées, l'Alcina de fut un triomphe. Dès 1735, à sa création, elle était considérée comme l'une des œuvres les plus abouties de  : beauté sensible des arias, subtilité des récitatifs, complexité de l'intrigue, chantant la victoire de l'amour humain sur l'amour sorcier. Alcina fascine, et demeure populaire, à la scène comme au disque.

Comment oublier des interprétations aussi mémorables que celles, parmi tant d'autres, de William Christie (Erato, 2000), de Nicholas Mc Gregan (Göttingen Haendel Society, 2002), ou encore des versions plus anciennes, restées mythiques pour certains (Rodolphe, 1959)? Mais la baguette de n'a pas encore jeté son dernier sort…

C'est une version concert qui nous est présentée ici. Malgré les réticences premières à l'idée de se voir encore privés de décors et de mise en scène, les craintes initiales furent vite dissipées grâce au talent des chanteurs : libérés des pupitres auxquels ils auraient pu être condamnés, leurs apparitions successives au gré des arias, leurs jeux de scène au cours des récitatifs, le soutien sans faille des musiciens, ont largement compensé le manque. Sous la main bienveillante de , s'animent dans une respiration commune et répand le charme.

La réussite de la soirée tenait évidemment à la qualité de la distribution, présentant des chanteurs dont la renommée n'est plus à faire, parfaitement investis dans leurs rôles : la voix ample et feutré d' (Alcina) doublée d'une présence scénique incroyable, toute de suggestion et de sensualité, a donné à la magicienne la séduction qu'il fallait, sans pour autant souligner sa cruauté. Elle est même humaine dans ses arias «Si ; non quella» ou «O mio cor», soutenue par un orchestre dont les coups d'archets des violons rendaient parfaitement les battements de cœurs défaillants. L'extraordinaire campait parfaitement le personnage de Ruggiero, avec une voix bien charpentée, qui soulignait très bien le côté risible du personnage plein d'orgueil sous l'effet de l'envoutement. Très appréciée aussi fut (Morgana), dont l'extrême sensibilité a beaucoup touché le public, notamment dans «Ama, sospira». (Bradamante), à la voix chaudement timbrée, a démontré toute sa virtuosité dans ses arias «guerriers», tel «E gelosia». Sans oublier les qualités vocales et scéniques de Luca Tittoto (Melisso) et de Benjamin Bruns (Oronte). Quant au jeune japonais Shintaro Nakajima (Oberto), il a su éblouir le public du haut de ses quatorze ans a apporté toute la fraîcheur et la spontanéité de l'enfance dans le jeu, alliée à une technique vocale sans faille. Ainsi perdure la magie d'une œuvre.

Crédit photographique : © Sony BMG

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