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Matheo Romero : compositeur de génie, anthologie géniale

Avec «Romerico Florido», Léonardo García Alarcón nous offre un portrait musical digne d'un Grand d'Espagne.

Contemporain de Claudio Monteverdi, notre Grand d'Espagne est né à…Liège, sous le nom de Matthieu Rosmarin. Des Pays-Bas espagnols à l'Espagne elle-même, il n'y avait qu'un pas, franchi pour lui dès l'âge de dix ans. A Madrid, il est chantre soprano à la Capilla Flamenca, puis, promu au rang de chantre adulte quelques années plus tard, Matthieu Rosmarin devint , tant sur les partitions et dans le cœur de ses pairs. Car sa carrière musicale témoigne de son immense talent : directeur de la Capilla Flamenca sur ordre du roi Philippe III, professeur de musique de Philippe IV l'héritier au trône. Pourtant, sa musique parle bien plus de lui que ses nombreuses distinctions officielles.

Léonardo García-Alarcón se penche ici sur la musique profane espagnole de , en associant le quatuor vocal La Capella Mediterranea à l'. Le choix des pièces dessine les traits d'un génie musical, maîtrisant parfaitement l'art du contrepoint des polyphonies Renaissance, très au fait des modes italiennes madrigalesques de son siècle, ne dénigrant jamais la musique populaire espagnole. est avant tout un homme qui garde dans sa tête et dans son cœur des pépites musicales pour restituer des pièces de caractère, à la fois authentiques et transcendées.

La nous délivre dans une virtuosité espiègle toute la beauté de ces œuvres. La suavité de toutes les voix, mais notamment de celle de la prodigieuse , le sens de la narration s'apprécient dans le Entre dos manos arroyos ou encore dans le Corazon donde estuvides. L' se distingue tout particulièrement dans des pièces inspirées de musique populaire espagnole : dans le Romerico Florido les ruptures rythmiques annoncent déjà le flamenco ou la zamba argentine. A noter également de très beaux duos vocaux, dans le le Ay que me muero de celos, entre sopranes et dans le sensible En este invierno frio, à la grande richesse contrapuntique.

«J'ai l'étrange sensation de retrouver un ami très proche, qui, grâce à sa musique, nous fait oublier que le temps et les distances existent», conclut Léonardo García-Alarcón au sujet de Matheo Romero. Mais à l'écoute de l'anthologie Romerico Florido, l'on pourrait tout autant destiner la formule à son auteur, à l'écoute de cette anthologie des plus réussies.

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