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Une Flûte en noir et blanc

À l'occasion des fêtes de fin d'année, le Théâtre des Champs-Élysées devait présenter une production de La Flûte enchantée par . Celui-ci ayant renoncé pour raison de surmenage, c'est une reprise de celle de qui est proposée à Paris.

Programmée initialement par à La Monnaie de Bruxelles en 2005, cette mise en scène de l'artiste sud-africain aux multiples talents a eu l'occasion de tourner sur un certain nombre de scènes à travers le monde, dont le Festival d'Aix-en-Provence en 2009. La grande satisfaction vient d'ailleurs de la mise en scène, originale, basée sur les dessins animés conçus au fusain par , mais aussi des images filmées, tout un travail sur l'ombre et la lumière (convoquant des effets d'illusion, des ombres chinoises…) afin d'illustrer le parcours initiatique de Tamino. Le metteur en scène, scénographe et vidéaste situe l'action essentiellement au XIXe siècle et fait appel à de nombreuses références, symboles à l'Egypte ancienne, la science, les Lumières, l'époque coloniale et naturellement la franc-maçonnerie. Même si le travail de mise en scène à proprement parlé est plus discret, le résultat global est fort réussi visuellement, poétique, féerique mais aussi amusant.

À la baguette, on retrouve à la tête de son , des habitués des lieux… et de Mozart, après notamment une Flûte en 2005 en version de concert et Così fan tutte en 2008. Le chef insuffle comme à son habitude un élan, une énergie, une vie, au répertoire qu'il dirige, se permettant ça et là, outre quelques ajouts de musique, improvisations (lors des dialogues parlés et entre les scènes) des effets, exubérances (accélération, ralentissement de tempo…) qui engendrent malheureusement des décalages entre la fosse et la scène. Le plateau vocal convoqué pour ces représentations tient dans l'ensemble ses promesses. Il voit les retrouvailles du Tamino de et de la Pamina de , déjà réunis dans ces rôles en 1998 sous la direction de . C'est cette dernière qui fait la plus forte impression, magnifique de maîtrise vocale, de musicalité, en particulier dans l'air « Ach, ich fül's, es ist verschwunden ». campe un Papageno tout à fait convaincant, un Sarastro impérial, étant quant à lui un Monostatos désopilant même s'il a tendance à faire du parler chanter. Le reste de la distribution s'avère correct, excepté une Reine de la Nuit bien décevante en la personne de Jeannette Vecchione. Les notes sont là (elle rajoute même des aigus !) mais on a du mal à être impressionné par un si petit filet de voix.

La mise en scène de pour cette Flûte enchantée qu'on a plaisir à découvrir sur une scène parisienne existe en DVD, captée lors de représentations à la Scala de Milan (Opus Arte).

Crédit photographique : © Antoine Le Grand

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