Ce spectacle en coproduction, inauguré au mois de décembre 2009 à Nancy, arrive à Nantes et Angers avec une distribution presque entièrement renouvelée.
Au contraire de notre collègue Michel Thomé qui avait alors manifesté ses réserves sur la mise en scène, nous nous sommes laissés emporter par le rythme d'un spectacle particulièrement roboratif. L'engagement interprétatif supérieur de la nouvelle équipe de comédiens-chanteurs y a sans doute significativement contribué. La mise en scène est fluide, émaillée d'heureuses trouvailles et joliment rythmée, même si elle succombe parfois à la charge, risque au demeurant fréquent dans un tel ouvrage. Et puis ce décor en forme de piliers de Tour Eiffel interprétés en dentelle noire, surmonté de la grande horloge de la gare Saint-Lazare, a conservé sa séduction, et les interventions chorégraphiques réglées par Ana Garcia ne manquent pas de poésie.
On retrouve à la baguette Claude Schnitzler, soucieux d'effet plus de subtilité, mais notre attention se porte avant tout sur les interprètes vocaux, avec un coup de cœur pour la Métella aguichante et fort bien chantante d'Emilie Pictet, dotée d'un timbre cristallin et d'une parfaite musicalité. La gantière d'Amel Brahim-Djelloul mène le jeu avec une voix affirmée et un grand chic scénique. Catherine Dune en fait beaucoup dans Pauline, au contraire de Sophie Angebault, plus effacée et dont la diction nous a paru perfectible.
Côté masculin, nous retrouvons avec plaisir Franck Leguérinel, habitué de la maison, qui déploie sa vis comica habituelle. Marc Mauillon et Christophe Gay forment un duo efficace, bien assorti et très drôle. Bruno Comparetti cherche son souffle dans l'air du Brésilien brillamment conclu toutefois, avant de réaliser un numéro désopilant au dernier acte. François Piolino excelle toujours dans les rôles de caractère et Eric Vrain, artiste des chœurs d'Angers Nantes Opéra, remporte un succès mérité en composant un parfait abruti.
Nous l'avons dit, tous les gags ne sont pas du meilleur goût, mais le résultat est efficace : le public rit généreusement, frappe des mains pendant le cancan et réserve un triomphe aux protagonistes. Ce spectacle de fêtes a donc atteint son objectif.